Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
6 février 2015 5 06 /02 /février /2015 11:24

 

On se retrouve de nouveau aujourd'hui, comme dans les années 1930, avec des extrémistes de gauche et de droite – tous anti-libéraux, anti-européens et anti-mondialistes – aux portes du pouvoir en Europe. Pourquoi ?

Parce qu'en dépit de la promesse de « main invisible » d'Adam Smith, l'économie de marché ne parvient pas à réguler naturellement le chômage de masse, plus exactement à ajuster la distribution du temps de travail aux bonds fulgurants de la productivité au cours des cinquante dernières années.

Le chômage de masse, par moins-disant salarial sur le marché du travail, entraîne mécaniquement une baisse générale des salaires et un appauvrissement de la population (que nous vivons depuis la fin du 20ème siècle).

Cet appauvrissement génère une baisse de la consommation, un déficit des recettes publiques (aggravé par l'exil fiscal), une augmentation des dépenses sociales (communes, départements, régions, État) et un accroissement de la dette publique, en une spirale sans fin.

La baisse de la consommation, de son côté, provoque une asphyxie de l'activité des entreprises et aggrave le chômage.

Tous ces phénomènes conjugués provoquent la défiance des électeurs à l'égard de la classe politique au pouvoir (depuis le PS jusque l'UMP) et de l'économie de marché. Cette défiance nourrit les extrémismes politiques, de gauche comme de droite, qui ne tarissent pas de démagogie.

Les promesses électoralistes (et non réalistes) de F. Hollande en 2012, plus encore, ont, de façon logique et prévisible, généré la transfusion massive d'électeurs de gauche, dupés et désabusés, vers le FN. C'était écrit.

Ne perdons pas de vue que la cause première de tous ces maux est le chômage de masse, et que la cause de cette cause première est la distorsion entre le quintuplement de la productivité depuis cinquante ans et le maintien de la semaine de travail définie en 1945 (par les communistes et gaullistes alors réunis) à 40 heures sur cinq jours par semaine, là où le PIB français n'aurait plus besoin aujourd'hui que de 30 heures réparties sur quatre jours pour que tout le monde puisse travailler.

Nous savons aussi que le taux de croissance des Trente Glorieuses ne reviendra jamais, et que même une reprise de la croissance à quelques points ne parviendra pas à résorber le chômage et restaurer le plein emploi.

Réduire et répartir le temps de travail pour éradiquer le chômage de masse, sans pour autant mettre en difficulté les entreprises ni déséquilibrer les comptes collectifs : telle est la gageure de notre pays, à laquelle bien peu d'hommes politiques (hormis Larrouturou ou De Robien) se sont attelés jusque-là.

Cet enjeu n'est ni de gauche ni de droite, ni modéré ni extrémiste. Il est simplement collectif et démocratique.

Le paramètre aggravant est que nos hommes politiques, de droite comme de gauche, enfermés dans des œillères gestionnaires, des logiques électoralistes et des querelles sectaires, ont renoncé au pouvoir politique qui leur est conféré par le bulletin de vote (et dont comptent bien en revanche se servir les extrémistes en embuscade).

Comment éradiquer les extrémismes politiques et autres fléaux issus du chômage de masse ? Par une révolution sociale de la distribution du temps de travail. Car dans une économie de marché, où l'argent et les profits existent pour les plus riches, seule la restauration du plein emploi permettra mécaniquement une augmentation des salaires pour les plus pauvres.

À ce titre, le schisme de l'UMP révélé (ou plutôt confirmé) par le 2ème tour de la législative partielle dans le Doubs n'est qu'un épiphénomène (dont les médias tirent bien sûr profit pour faire buzz et choux gras, mais sans analyse profonde) d'un problème global : la vraie question est celle du chômage de masse et de la distribution du temps de travail. C'est pour cette raison que des électeurs UMP se déchirent aujourd'hui entre voter FN ou PS – tout comme demain des électeurs PS se déchireront entre voter extrême gauche ou UMP. La racine et le carburant de ces dérives dangereuses sont le chômage de masse, la paupérisation, l'inquiétude et le sentiment d'injustice éprouvés par les couches populaires et moyennes.

Sans électrochoc social, sans révolution de la répartition du temps de travail, notre pays continuera de s'enfoncer dans le chômage, les déficits, la paupérisation et les montées extrémistes. Tout comme dans les années 1930. L'Histoire se répète. L'homme occidental d'aujourd'hui, pressurisé le jour par le rendement « compétitif », et drogué le soir à la télé abêtissante, a-t-il choisi le fatalisme et l'impuissance ?

Une éradication keynésienne du chômage de masse par une redistribution du temps de travail provoquerait une hausse mécanique des salaires et mettrait fin à la paupérisation, aux déficits publics et à l'extrême droite. Nous y viendrons certainement un jour, car, en l'absence d'une croissance significative, il n'y a probablement pas d'autre issue à l'ensemble de nos problèmes.

 

Christophe Chomant

06-02-2015

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
2 juin 2014 1 02 /06 /juin /2014 12:43

Dimanche 25 mai 2014, à l’occasion des élections européennes, les électeurs français se sont prononcés à 25 % pour le FN, 20 % pour l’UMP et 15 % pour le PS. On pleure, on s’indigne, on hurle au loup, on manifeste même… pour un désastre pourtant programmé de longue date. Après la dérégulation euphorique des années 1990 et son résultat, le crack financier de 2008, le chômage de masse tire en effet les salaires vers le bas, accentue les inégalités et creuse les déficits publics, obligeant chacun à se serrer la ceinture. Pourquoi une telle défiance de l’électeur à l’égard de l’UMP et du PS ? Entre 2002 et 2012, la droite n’a pas réduit les déficits ; la gauche est condamnée à le faire aujourd’hui, oui, mais sans l’avoir annoncé dans son programme. Les Français, pris à la gorge, mal payés, surimposés, apauvris, dupés par la démagogie du « demain on rase gratis », se sentent trahis par les deux camps… et se jettent dans les bras du FN – ou s’abstiennent, ce qui revient au même.
Différents comportements observables dans les grands partis – carriérisme, professionnels de la politique, désignations non démocratiques, cumul horizontal et vertical des mandats, verrouillage des idées, préjugés de classe, querelles sectaires, inaction, etc… – viennent renforcer le vote anti-UMPS.
La gauche de la gauche, de son côté, qui n’a toujours pas intégré la faillite de l’économie dirigée exprimée par la chute du Mur, a perdu toute autorité sur le vote des ouvriers, employés et chômeurs, qui quittent le navire pour voter massivement FN. Cette gauche de la gauche ne se réduit plus qu’à une poignée de demi-intellectuels pratiquant le marxisme comme foi religieuse.
Quelles leçons tirer de ce réveil douloureux ?

1ère chose : le vote FN est la sanction d’un mensonge par omission
Le vote massif des électeurs des classes populaires – chômeurs, ouvriers, employés – pour le FN est le résultat direct de leur déception d’avoir voté pour un président qui leur promettait le « changement maintenant » mais qui avait soigneusement éludé les difficultés réelles de notre pays – à savoir un déficit public en chute libre et des entreprises incapables de créer de l’emploi sous le poids des charges. Ayant le sentiment d’avoir été dupé, le peuple se venge de la droite et de la gauche réunies : il vote en masse à l’extrême droite, qui leur promet à son tour monts et merveilles sur un tissu de contrevérités. Le vote populaire massif pour le FN aujourd’hui est le résultat direct des mensonges par omission de la campagne présidentielle de F. Hollande sur les difficultés de notre pays. Un vote qui continuera de s’aggraver tant que l’emploi ne sera pas de retour.

2ème chose : la politique menée actuellement est néanmoins la bonne
Contrairement à ce que prétendent les 41 députés socialistes « dissidents », la politique actuellement menée par Manuel Valls est pertinente : la France doit maîtriser ses dépenses pour équilibrer ses comptes, et oxygéner ses entreprises pour qu’elles soient en mesure de créer de vrais emplois productifs et durables. L’erreur, ce n’est pas la politique menée par Manuel Valls, c’est le fait de ne pas avoir annoncé la couleur pendant la campagne. À choisir, il eut mieux valu prévenir que des choses difficiles seraient à affronter. Quand Churchill annonce aux Londoniens « du sang, de la sueur et des larmes », il n’en devient pas moins populaire pour autant ; au contraire, son discours de vérité le rend plus crédible. À l’inverse, embellir l’horizon pour se faire élire plus facilement est forcément une bombe à retardement en terme de crédibilité, qui explose aujourd’hui à la figure de F. Hollande comme en témoigne son record d’impopularité. L’électeur populaire se sent trompé par les fausses promesses, et se venge durement.
Il n’était pourtant pas interdit de défendre des idées et valeurs de gauche tout en expliquant la vérité aux gens. « Ce n’est pas en dépensant qu’on réduit sa dette ; oxygéner l’entreprise pour créer de l’emploi ; la social-démocratie, pas la démagogie ! » pouvait-on lire textuellement sur mes affiches aux législatives 2012, sous l’étiquette « La Gauche Moderne ». Des slogans peu sexys certes, mais respectueux des contingences économiques.

3ème chose : la politique de redressement devra, pour revenir au plein emploi, se doubler d’un partage du temps de travail
La politique menée actuellement par Manuel Valls est pertinente et courageuse. Il s’agit toutefois d’une politique de « survie », de remise à flot. Cette politique vise à équilibrer nos comptes et créer de l’emploi. Elle ne sera malheureusement pas suffisante pour éradiquer le chômage de masse, lequel est la cause originelle en cascade des salaires tirés vers le bas, de la pauvreté, de la fuite du PIB vers les revenus du capital, du surendettement public, et, in fine, du vote FN.
Pour éradiquer le chômage de masse, qui est notre objectif final incontournable, nous devrons réfléchir aux conséquences du quintuplement de la productivité au cours des cinquante dernières années, et à la répartition du temps de travail, qui n’a pas changé depuis la semaine de cinq jours instaurée en 1945. Nous devons penser et préparer une révolution sociale, qui redistribuera de façon équitable le temps de travail et les revenus qui leur sont liés. Cette révolution sociale devra se faire de façon ni brutale ni sanglante, mais intelligente, pacifique et réfléchie. Elle respectera par exemple la différence entre les entreprises à fort ou faible gain de productivité, et versant ou non des dividendes. Par une fiscalité incitative, elle encouragera les entreprises qui le peuvent à partager le temps de travail et à créer de l’emploi, comme le réussit jadis la défunte loi de Robien.
Le retour au plein emploi par le partage du temps de travail réintroduira mécaniquement des salaires tirés à la hausse, colmatera les fuites du PIB, redistribuera le travail et la richesse au peuple, comblera les déficits publics, et éradiquera naturellement l’extrême droite. Il n'y a pas d'extrême droite dans une économie de plein emploi.
Pour mémoire, en 1932, trois ans après la crise de 1929, le président américain Roosevelt instaure la semaine de cinq jours et une harmonie fiscale dans l’ensemble des États, assurant des décennies de plein emploi, de richesse et de croissance en Amérique du Nord. En Europe, à la même époque, la semaine de cinq jours n’est pas instaurée. Le chômage, concentré sur l’Allemagne par le fait du Traité de Versailles, génère le nazisme et cinquante millions de morts. La semaine de cinq jours ne sera instaurée en France qu’en 1945, par un accord historique entre gaullistes et communistes. Faut-il des guerres pour que l’intelligence avance ?

Récapitulons :
- S’insurger contre le score élevé du FN part d’un bon sentiment, mais est une pleurnicherie inutile. La seule façon d’éradiquer le FN est d’éradiquer le chômage.
- Le score catastrophique du FN est le résultat combiné d’une droite qui n’a pas réduit les déficits publics et d’une campagne présidentielle socialiste qui n’a pas prévenu qu’elle allait devoir le faire.
- Remettre le pays sur les rails comme le fait aujourd’hui Manuel Valls est nécessaire pour sauver le pays, mais insuffisant pour éradiquer le chômage et le FN. Il nous faudra éradiquer le chômage de masse par une remise à plat de la distribution du temps de travail et du PIB dans notre pays – et au-delà. Nous devrons nous montrer keynésiens, contre la « main invisible » de Smith qui ne fonctionne pas dans ce contexte de chômage de masse.
- Être de gauche n’interdit pas d’expliquer avec franchise aux électeurs les difficultés économiques auxquelles le pays est confronté. Le Parti socialiste doit sur ce point opérer un aggiornamento.
- On peut être d’une gauche modérée et néanmoins militer pour une révolution sociale du partage de l’emploi et des richesses, que même des hommes politiques de droite et des chefs d’entreprise appellent de leurs vœux depuis plusieurs décennies.
À défaut, nous assisterons, impuissants, à des insurrections non contrôlées et/ou à l’accès de l’extrême droite au pouvoir, pour lesquels tous les ingrédients sont aujourd’hui réunis.

 

Christophe Chomant,
Social-Démocratie,
La justice sociale sans la démagogie.

Partager cet article
Repost0
19 avril 2014 6 19 /04 /avril /2014 09:43

Les 50 milliards d’euros d’économie sur nos comptes publics annoncés mercredi 16 avril 2014 par Manuel Valls indignent une grande partie de la gauche de la gauche. Ces 50 milliards d’économie, ni de gauche ni de droite mais simplement nécessaires à l’équilibre de nos finances, sont pourtant déjà chiffrés depuis le rapport Attali de janvier 2008, il y a six ans. Ils ne sont donc pas une surprise.
Pourquoi donc s’en indigner ?
« 50 milliards d’euros d’économie à réaliser en trois ans sans l’avoir annoncé dans le programme électoral, bon courage Monsieur Ayrault ! » pouvait-on lire sur ma page d’accueil au lendemain de la nomination du Premier Ministre le 15 mai 2012.
En effet, le « problème » n’est pas tant cette économie de 50 milliards, nécessaire au rééquilibre de nos finances, connue de longue date et courageusement mise en œuvre aujourd’hui – enfin ! – par Manuel Valls. Le « problème » est d’avoir sciemment éludé cette contrainte pendant la campagne présidentielle afin d’optimiser le résultat électoral. C’est d’avoir fait croire – ou laissé croire – que notre pays avait des comptes équilibrés et pourrait se passer d’un assainissement financier.
Le réveil est évidemment douloureux pour tous ceux, simples militants comme députés, qui pensaient probablement qu’on pouvait laisser les déficits se creuser à l’infini, ou qu’on disposerait d’une planche à billets dans les sous-sols de l’Élysée.
Premier constat : on ne promet pas un horizon radieux qu’on ne saurait tenir, sous peine de se prendre un retour de manivelle une fois parvenu aux commandes. C’est là l’explication des records d’impopularité subis aujourd'hui par François Hollande. À choisir, il est préférable au contraire d’annoncer clairement la couleur, d’emblée, sans faux-fuyant, comme le pratiquait un Pierre Mendès-France ou un Michel Rocard, de façon à éviter de décevoir ensuite – et d’essuyer de cinglantes sanctions électorales.
Deuxième constat : Manuel Valls est dans le rôle d’un gestionnaire éclairé et courageux des comptes de notre pays, ce pays dont la capacité d’action politique (et notamment d’une action politique de gauche) ne pourrait que s’amenuiser à mesure que s’accroitraient nos déficits. Il s’agit donc là d’une gestion ni ‘de gauche’ ni ‘de droite’ mais simplement responsable – qui permettra ensuite une « vraie » politique de gauche, au sens « traditionnel » du terme.
La question qui divise aujourd’hui la gauche – et le PS – est : « Est-il de gauche d’économiser 50 milliards ? » Répondons par une question : qu’est-ce qu’être « de gauche » ? C’est agir pour la justice sociale et la solidarité ; c’est contre-différencier, autant que faire se peut, les inégalités sociales que peut générer une économie de marché mal régulée. Ce sont là les valeurs emblématiques de la gauche (quand la droite privilégiera de son côté la tradition, la religion, l’ordre ou la nation).
Mais mener une politique de gauche (comme par exemple dispenser des prestations sociales en direction des plus démunis) suppose de disposer d’argent public ; un État pauvre ne pourra pas mener une politique de gauche.
Or, l’argent public ne se fabrique pas mais se collecte. Et collecter de l’argent public – par le biais de la TVA, de l’impôt sur les sociétés et de l’impôt sur le revenu – suppose d’avoir de l’emploi, des entreprises dynamiques, de la consommation et de la croissance.
Or, dynamiser l’économie, l’emploi et la croissance suppose de juguler d’abord les dépenses non maîtrisées et les gaspillages hérités des Trente Glorieuses, lorsque que la croissance était à deux chiffres.
C’est cette même maîtrise des dépenses qu’ont déjà mis en œuvre, depuis de longues années, et avec succès, tous nos voisins européens, par des efforts qui portent à présent leurs fruits. Notre pays est lanterne rouge en matière d’équilibre des comptes (comme elle l’est également en matière de coût du travail, de compétitivité et d’emploi).
Est-il de gauche de laisser filer les déficits sans se soucier de l’équilibre des comptes ? Un ménage dépensier et endetté est-il « de gauche » ? Un ménage raisonnable est-il « de droite » ? Non. La gestion responsable des comptes n’est ni de gauche ni de droite. Elle est simplement nécessaire, même si notre habitude à plus d’aisance peut évidemment faire grincer des dents.
Mener une politique de gauche, ce n’est pas continuer de servir du champagne pendant que le bateau coule, mais de commencer par sauver le bateau. Une fois le bateau renfloué, on pourra en récolter les fruits et recommencer à distribuer de bonnes choses.
Certains confondent la « bonne » dépense publique, qui consiste, en période de croissance, d’emploi et de recettes publiques, à venir en aide aux plus démunis ; et la « mauvaise » dépense publique, qui consiste, en période plus difficile, à laisser le robinet grand ouvert alors que l’on parvient de moins en moins à venir en aide aux plus faibles. Il faut ici séparer le bon grain de l’ivraie : faire la chasse aux mauvaises dépenses, de façon à pouvoir oxygéner les bonnes.
Si certains électeurs et dirigeants politiques s’étranglent à l’annonce des mesures de Manuel Valls, c’est parce qu’ils méconnaissent les rouages de l’économie française, ou ne savent peut-être plus ce qu’est être « de gauche ». Croient-ils qu’être ‘de gauche’, c’est dépenser toujours plus d’argent public sans jamais en maîtriser ni le volume ni l’équilibre ? Non, être de gauche, ce n’est pas continuer de jeter par la fenêtre l’argent public qu’on n’a plus, c’est au contraire recréer les saines conditions de création d’argent public, qui permettront une saine politique de redistribution, de solidarité et de justice sociale.
Certains esprits critiques objecteront qu’il est indigne de mener une politique de « rigueur » ou « d’austérité » quand cinq millions de nos concitoyens sont au chômage, dont un grand nombre au-dessous du seuil de pauvreté, cependant que les revenus du capital, des dirigeants de grosses entreprise et des banquiers s’envolent. Ils ont raison. Ce qu’ils rapportent est vrai, indécent et scandaleux. Mais il s’agit d’un autre problème, lequel sera réglé par d’autres solutions – comme par exemple une redistribution du temps de travail (consécutive au quintuplement de la productivité depuis cinquante ans), seule à même de rééquilibrer le marché de l’offre et de la demande en matière d’emploi et de salaire, et qui réduira mécaniquement les écarts de revenus. Il est bon de pas mélanger les sujets économiques. En outre, la perspective d’une redistribution du temps de travail et des fruits de la productivité pour réduire les inégalités de revenu ne dispense pas de maîtriser les dépenses et d’équilibrer les comptes publics. Réciproquement, laisser partir les comptes publics à vau-l’eau ne résoudrait en rien les problèmes du chômage de masse, du moins-disant salarial et des écarts de revenus.
Enfin, accessoirement, l’affrontement responsable et courageux par Manuel Valls des contingences difficiles de notre pays ouvre la porte à une nouvelle gauche, plus en phase avec la réalité, susceptible d’élargir son spectre électoral vers le centre et de recueillir, au niveau national, des votes d’adhésion positive (et non pas seulement de réaction ou de dépit) dans les années et décennies à venir. Et si cette gauche ne peut plus être identifiée comme étant « socialiste », eh bien elle le sera comme « sociale-démocrate » !


Christophe Chomant, 19-04-2014,
Social-Démocratie

Discours de Manuel Valls du mercredi 16 avril 2014


« Mesdames et messieurs,
Le 14 janvier dernier, le Président de la République a indiqué clairement le cap : donner plus de force à notre économie, encourager nos entreprises, soutenir la croissance, et donc créer plus d’emplois.
Plus d’emplois, c’est la première priorité. Nous devons agir davantage contre ce chômage de masse qui fait souffrir trop de Français : nos seniors, mais aussi notre jeunesse qui a le plus grand mal à débuter dans la vie. Et nous ne renonçons pas. Nous ne baissons pas les bras.
Aux Français je veux dire simplement, directement : il y a un chemin pour nous redresser, et pour redresser la France. Il faut l’aborder avec lucidité. Les efforts doivent se poursuivre dans la justice. Il n’y aura pas « deux poids, deux mesures ». Un seul objectif : le bien commun !
Ces efforts seront justes, car ils seront collectifs.
Ils seront justes, car ils seront équitablement répartis.
Enfin, ils seront justes, car ils serviront à tous.


****


C’est la feuille de route fixée, il y a quatre mois, par le Président de la République.
Ces économies ont trois objectifs :
- Le premier, c’est la mise en œuvre du pacte de responsabilité et de solidarité. Pour parler simplement, c’est le moyen de mettre en mouvement notre économie : de baisser le coût du travail, de redonner du souffle à nos entreprises, nos PME-PMI, à nos TPE, à nos entrepreneurs, à nos artisans, à nos commerçants. Dans le même temps, nous devons aussi simplifier leurs démarches administratives. C’est le but des propositions faites par la commission Mandon-Poitrinal. En somme, nous devons redonner à notre tissu économique la capacité de mieux affronter la concurrence, pour développer davantage ses activités et se remettre à recruter. Sans qu’il soit besoin de remettre en cause nos règles sociales et notamment le SMIC.
- Le deuxième objectif c’est de redonner du pouvoir d’achat aux salariés. C’est aussi cela relancer notre économie et être plus juste. Dès le mois de juin, nous prendrons une mesure en faveur des contribuables les plus modestes. Le 1er janvier prochain les cotisations salariales seront allégées autour du SMIC, comme je l’ai annoncé la semaine dernière.
- Le troisième objectif, c’est la réduction de notre déficit public. Car, là aussi, je dois la vérité aux Français. Nos dépenses publiques représentent 57 % de la richesse nationale. Nous ne pouvons pas vivre au-dessus de nos moyens. Et nous devons casser cette logique de la dette qui, progressivement, sournoisement, est en train de nous lier les mains. La dette, je le rappelle, était de 50 % du PIB en 2002, de 65 % en 2007 et de 90 % à la fin du mandat de Nicolas Sarkozy. Nous devons retrouver notre souveraineté.
La France, je l’ai dit, tiendra ses engagements. Non pas par un quelconque entêtement, mais parce que tenir ses engagements, c’est la base de la crédibilité et de la confiance. Et la confiance, les Français en ont besoin.
Réduire les déficits, c’est retrouver des marges de manœuvre pour investir. Pour préparer l’avenir. C’est aussi assurer la pérennité de notre modèle social et la modernisation de nos services publics.


****


Faire des économies implique de faire des choix et de respecter les engagements du Président de la République. La priorité donnée à la jeunesse fait que nous maintiendrons les créations de postes prévues dans l’Education nationale.
Pour garantir la sécurité des Français, nous créerons les postes prévus dans la police, la justice et l’administration pénitentiaire.
Nous préserverons les investissements nécessaires pour la recherche, l’innovation, la préparation de l’avenir.

Enfin, pour veiller au sort des plus démunis, les minima sociaux seront préservés.
Les économies seront équitablement réparties entre toutes les autres sources de dépenses publiques.
Et l’État y prendra toute sa part, avec 18 milliards d’euros d’économies.
L’État, c’est notre bien commun. Il a un devoir d’efficacité ; le devoir aussi de veiller à ne jamais gaspiller l’argent public.
La maîtrise des dépenses de fonctionnement des ministères se poursuivra. Il s’agira de faire des économies sur les dépenses immobilières, de regrouper ce qui peut l’être, je pense aux achats ou aux systèmes d’information. Un mot d’ordre : réduire davantage le train de vie de l’État.
Je sais ce que nous devons à nos fonctionnaires si essentiels à la vie de ce pays.
Chaque jour, ils agissent avec dévouement et sens du service public. Mais la situation nous oblige à leur demander de contribuer à notre effort commun. Nous confirmons le gel du point d’indice.
Mais les règles d’avancement dans la fonction publique d’Etat seront préservées.
Les effectifs des ministères, hors Education nationale, Sécurité et Justice continueront de diminuer. Ces diminutions s’accompagneront toutefois de redéploiements afin de préserver nos services publics.
Enfin, nous allons rationaliser les agences de l’État. Beaucoup ont été créées ces dernières années. Leurs effectifs seront réduits. Mais d’ores et déjà je veux dire que Pole Emploi et les Universités seront préservés. Ils devront faire des efforts sur leurs dépenses de fonctionnement tout en gardant un niveau d’exigence en termes d’efficacité et de lisibilité de l’action publique.


****


L’État, je l’ai dit, prendra toute sa part. Les collectivités territoriales devront prendre la leur.
Il y a de nombreuses actions à mener pour clarifier les compétences des collectivités et en renforcer l’efficacité. Nos concitoyens ont également besoin de mieux savoir qui fait quoi.
11 milliards d’euros d’économies sont attendus au cours des trois prochaines années.
Dans leur rapport sur la « maîtrise collective des dépenses publiques » qui sera remis cet après-midi au Président de la République, Martin Malvy et Alain Lambert énoncent de nombreuses propositions. J’y suis très sensible, d’autant plus qu’elles proviennent des élus eux-mêmes. Ce sont eux qui contribuent, chaque jour, au dynamisme de nos territoires, et c’est à eux qu’il appartient d’en préparer l’avenir. Les élus sont conscients que des réformes de structures doivent être menées.

Plusieurs dispositions nouvelles permettront d’accompagner les collectivités dans cette démarche de maîtrise de leurs dépenses. Elles s’ajouteront à celles prévues dans le premier volet de la loi de décentralisation qui incite aux mutualisations entre les communes et les intercommunalités.
Le futur projet de loi de clarification des compétences des collectivités territoriales comportera des réformes profondes pour générer des économies. Je pense notamment à la suppression de la clause de compétence générale, à une meilleure sélection des projets financés, et à une rationalisation des syndicats intercommunaux.
D’ores et déjà, l’évolution de nos collectivités territoriales est en marche. Et je veux saluer les initiatives de rapprochement de régions qui s’esquissent un peu partout en France.


****


Notre nouvelle stratégie nationale de santé est elle aussi un moyen de faire des économies : 10 milliards d’euros d’ici 2017 sur les dépenses de l’assurance maladie.
Ces efforts seront réalisés, je veux le dire très clairement, sans réduire la prise en charge des soins, ni leur qualité. Il s’agit d’amplifier les réformes structurelles déjà engagées, et notamment de mieux organiser les parcours de soins : la chirurgie ambulatoire montre qu’on peut réaliser des économies tout en améliorant la qualité de la prise en charge.
Il conviendra aussi d’optimiser notre dépense dans le domaine des médicaments.
Ceci passe par une consommation plus raisonnée, un plus grand recours au générique, mais aussi des prix davantage en adéquation avec l’innovation thérapeutique.
Enfin, 11 milliards d’euros d’économies seront réalisés sur la gestion du système social.
Des décisions ont déjà été prises. Elles sont porteuses d’économies pour plus de 2,9 milliards d’euros. C’est le cas de la réforme des retraites, de l’accord conclu pour les retraites complémentaires, et de la réforme décidée l’année dernière de notre politique familiale.
Il faut aller au-delà.
Il n’est pas question, évidemment, de diminuer le montant des prestations sociales. Mais dans le contexte exceptionnel qui est le nôtre, elles ne seront pas revalorisées jusqu’en octobre 2015.
Cette stabilité concernera les pensions du régime de retraite de base (1,3 milliards d’euros). Il pourra concerner aussi les retraites complémentaires qui relèvent des partenaires sociaux (2 milliards d’euros). Ces mesures temporaires épargneront les retraités dont les pensions sont les plus modestes puisque le minimum vieillesse continuera, lui, d’être revalorisé.

Le niveau des autres prestations sociales sera également stable jusqu’en octobre 2015 (0,7 milliard d’euros), à l’exception de tous les minima sociaux (RSA, ASS, Allocation Adulte handicapé), qui continueront d’augmenter au rythme de l’inflation.
Les engagements de revalorisation exceptionnelle décidés dans le plan pauvreté de janvier 2013 pour le RSA, le complément familial et l’allocation de soutien familial sont confirmés. Mais ces revalorisations seront décalées d’une année.
Une nouvelle convention d’assurance-chômage, sur laquelle les partenaires sociaux se sont accordés, va permettre d’améliorer le fonctionnement du marché du travail, notamment en matière de sécurisation de l’emploi et de la formation professionnelle. Le régime d’assurance-chômage devra mieux contribuer au bon fonctionnement du marché du travail, et permettre de rétablir l’équilibre financier de l’UNEDIC à l’horizon 2017 (2 milliards d’euros au total).
La poursuite de la modernisation de la politique familiale permettra 0,8 milliards d’euros d’économies.
Les caisses de sécurité sociale dégageront enfin 1,2 milliards d’économies, grâce à la dématérialisation et à une meilleure articulation entre les différents organismes. Ceci apportera de véritables simplifications pour les assurés.


****


Mesdames et messieurs,
L’équipe gouvernementale croit en ces choix que nous vous présentons. Et nous y croyons parce que c’est le chemin du redressement de la France. Nous y croyons car nous avons la conviction qu’avec ces choix la France sera plus forte et donc plus juste.
Le conseil des ministres du 23 avril examinera le programme de stabilité qui sera soumis au vote de l’Assemblée nationale le 30 avril.
Les mesures d’économies trouveront leur traduction dans les textes financiers qui seront présentées avant l’été (PLFR et PLFSSR) puis à l’automne (loi de programmation des finances publiques, PLF, PLFSS).
Je sais les attentes, je sais les doutes. Mais l’équipe qui est autour de moi est dévouée au service des Français. Voilà la vérité que nous vous devions. Et la vérité c’est le chemin de la réussite. La réussite de la France. »


Manuel Valls

Partager cet article
Repost0
9 avril 2014 3 09 /04 /avril /2014 17:41

Mardi 8 avril 2014 à 15h, le Premier Ministre Manuel Valls a prononcé devant l’Assemblée Nationale son « Discours de politique générale ». Un discours parfaitement en phase avec les contingences de notre pays et les missions qui incombent au gouvernement. Les propos de Manuel Valls sont lucides, énergiques et courageux, sans hypocrisie ni faiblesse. C’est le discours d’une gauche moderne, réaliste et combative, sans dogmatisme ni démagogie :

Monsieur le président, Mesdames, messieurs les députés,
Trop de souffrance, pas assez d’espérance, telle est la situation de la France. Et c’est conscient de cette réalité que je me présente devant vous. Les Français nous regardent. Ils attendent beaucoup de nous. Et mon devoir, c’est de me hisser à la hauteur de leurs exigences. Par leur vote ou leur abstention historique lors des dernières élections municipales, ils ont dit leur déception, leur doute, leur mécontentement et parfois leur colère. Ils ont dit leur peur de l’avenir. Leur avenir, et celui de leurs enfants. Et puis il y aussi cette exaspération quand, à la feuille de paie déjà trop faible, s’ajoute la feuille d’impôt trop lourde. Enfin, ils ont exprimé leur soif de justice.
J’ai entendu leur voix. J’ai aussi entendu leur silence.
Ils se sont prononcés contre l’impuissance politique. Ils veulent des résultats concrets en matière d’emploi, de lutte contre la précarité, de vie chère.
Ce message, très clair, le Président de la République l’a entendu. Il en a tiré les enseignements politiques.
Et c’est conscient de la responsabilité que m’a confiée le Chef de l’État que je me présente devant vous, pour ouvrir une nouvelle étape du quinquennat.
Je veux rendre, ici, hommage à Jean-Marc Ayrault. Il a agi avec droiture, sens de l’État, pendant vingt-deux mois. J’ai été fier d’être son ministre de l’Intérieur, comme socialiste, comme républicain et comme patriote.
Dans des circonstances bien différentes, à cette même tribune, il y a soixante ans, un homme nous a montré la voie. Le mot d’ordre de Pierre Mendès-France – dire la vérité – m’oblige, nous oblige. La vérité, c’est le premier principe de la démocratie.
Je dirai donc la vérité aux Français. Je la leur dois.
Vérité sur la situation d’urgence de notre pays. Vérité sur les solutions qu’il faut y apporter.
La France est à un moment de son histoire où il faut se concentrer sur l’essentiel.
Et l’essentiel, c’est de redonner confiance aux Français dans leur avenir. Dire l’essentiel pour retrouver l’essentiel : la confiance des Français. Tel sera mon propos.

Mesdames et messieurs les députés,
La réalité est là, et il faut la regarder, sans trembler.
J’ai vu, j’ai écouté ces retraités qui, à l’issue d’une existence d’efforts, vivent avec une maigre pension ; ces ouvriers qui attendent, depuis trop longtemps, de pouvoir retravailler ; ces salariés précaires pour qui le quotidien n’est pas le travail, mais la survie ; ces patrons de PME, ces artisans, ces commerçants qui n’ont qu’une seule obsession : sauver leur activité pour sauver leurs équipes ; ces agriculteurs, attachés à leur exploitation, qui font face à l’endettement et aussi à une forme de solitude. J’ai vu ces visages fermés. Ces gorges nouées. Ces lèvres serrées…
Disons les choses simplement : beaucoup de nos compatriotes n’y croient plus. Ils ne nous entendent plus. La parole publique est devenue pour eux une langue morte. Le présent est instable, l’avenir est illisible. Peu de Français se sentent à l’abri. Ils se disent qu’il ne suffirait pas de grand-chose pour perdre ce qu’ils ont construit pour eux et pour leurs enfants.
Voilà, la peur lancinante du déclassement !
Mais la crise économique et sociale n’explique pas, à elle seule, la crise de confiance. Il y a aussi une crise civique, une crise d’identité.
Dans un monde qui bouge si vite, les Français doutent de la capacité de notre modèle républicain à promouvoir, à protéger et à intégrer.
Dès lors, la tentation du repli devient plus grande, partout, dans nos territoires ruraux, périurbains, mais aussi dans nos villes lézardées par des fractures communautaristes qui prennent le dessus sur l’idée d’appartenir à une même nation.
Nous assistons également à une montée du racisme, de l’antisémitisme, de l’intolérance. Et les paroles, les actes anti-juifs, anti-musulmans, anti-chrétiens, homophobes, doivent être combattus avec une même fermeté.
Notre société est traversée par la violence. Il y a la menace terroriste qui s’est globalisée et qui pèse sur nos démocraties. Il y a surtout la violence du quotidien. Ce phénomène n’est pas nouveau : les atteintes aux personnes sont en progression continue depuis plus de trente ans. Le phénomène inédit, c’est que la délinquance se déplace vers des territoires – je pense aux villes moyennes, aux villages – qui, jusqu’à présent, avaient le sentiment d’être épargnés. Nos quartiers populaires sont gangrenés par ce fléau que sont les trafics de drogue. Ils abîment une part de notre jeunesse et, pour fructifier, tentent d’imposer un autre ordre que celui de la République. L’augmentation des cambriolages depuis cinq ans est majoritairement responsable de la hausse du sentiment d’insécurité. Se faire voler, et surtout quand on a peu, est un traumatisme profond. Il y a enfin toutes ces incivilités, ces défis, ces bravades, contestant l’autorité et qui pourrissent la vie des gens. Tout cela joue sur le moral de nos concitoyens. La vérité, la voilà ! Le pire serait de fermer les yeux.

Mesdames et messieurs les députés,
La première chose que je dois aux Français, c’est l’efficacité. C’est pour cela que j’ai composé un gouvernement compact, resserré et solidaire
Solidaire, ce gouvernement est aussi paritaire ! Parce que l’égalité femmes-hommes est au cœur de toute société moderne.
La seconde chose que je dois aux Français, c’est la sincérité.
La sincérité, c’est expliquer.
Je crois que nous n’avons – tous ici ! – pas donné assez de sens aux efforts et aux sacrifices que les Français consentent depuis des années.
Le monde dans lequel la France agit et tient son rang est un monde riche d’opportunités mais il est également dur, injuste, parfois violent.
Dans une économie globalisée, nos entreprises font face à une concurrence mondiale, qui ne leur fait pas de cadeau. Il faut donc les protéger. C’est également le cas pour notre culture qu’il faut soutenir, et aussi défendre parce qu’elle est exceptionnelle.
Notre monde, c’est aussi l’ère du numérique qui relie les hommes et qui accélère l’échange des savoirs, des marchandises, des services. Et c’est pourquoi la fracture numérique est bien plus qu’une fracture technique, c’est une fracture économique, sociale et culturelle !
Face à toutes ces mutations, nous n’avons pas d’autre choix que de nous mettre au niveau. Le plus élevé. Et de prendre nos responsabilités en développant notre attractivité, notre compétitivité, notre créativité. Et puis nous devons aussi aller au-devant du monde, pour renforcer notre commerce extérieur, notre tourisme, notre technologie, notre excellence dans bien des domaines ; c’est le but de notre diplomatie économique.
Notre voix, celle du Chef de l’État, notre diplomatie, nos armées sont respectées. Et je veux, ici, rendre hommage à nos soldats engagés à l’étranger, notamment au Mali, en Centrafrique, pour assurer la paix et la sécurité. Et je n’accepte pas les accusations injustes qui pourraient laisser penser que la France ait pu être complice d’un génocide au Rwanda alors que son honneur, c’est toujours de séparer les belligérants.

Mesdames, messieurs les députés,
Rien n’est possible sans l’écoute et le dialogue.
Et parce que c’est un homme de dialogue, je veux rendre hommage à Jean-Louis Borloo et lui souhaiter tous mes vœux de rétablissement.
Une démocratie forte c’est un Parlement respecté.
La Constitution de notre Vème République, à laquelle je suis très attaché, précise clairement les choses : l’exécutif détermine le cap, et le Parlement « vote la loi, contrôle l'action du Gouvernement et évalue les politiques publiques ». Vous, élus de la Nation, vous êtes l’expression de la souveraineté nationale.

Je connais les attentes de la majorité parlementaire, je les partage, et je veux travailler avec elle sur la base d’un contrat qui nous engage mutuellement. Je veux définir un mode de travail performant, avec les socialistes et les radicaux, mais aussi avec les écologistes. Et je dis au groupe GDR que je n’ai pas d’adversaire à gauche et que nous pouvons avancer ensemble sur beaucoup de sujets, dans l’intérêt de la France. Gouverner, c’est écouter l’ensemble de la représentation nationale et donc l’opposition. Gouverner, ce n’est pas rechercher la victoire d’un camp sur un autre. L’opposition vient de remporter les élections municipales. Elle a donc une responsabilité vis-à-vis des Français. Je veux l’écouter. Je proposerai aux présidents des groupes UMP et UDI de me rencontrer dès la semaine prochaine. Le dialogue, c’est également le dialogue social. Il a permis, depuis deux ans, d’importantes avancées en matière d’emploi, de marché du travail, de formation professionnelle, de retraites. Il doit se poursuivre. Et je rencontrerai les partenaires sociaux dès vendredi. L’exigence de dialogue vaut également pour les élus locaux. Je mesure leur rôle pour la cohésion sociale, mais aussi le dynamisme et l’attractivité de notre économie.
Le dialogue, c’est aussi celui que je veux avoir directement, sur le terrain, avec les Français.

Mesdames et messieurs les députés,
Nous devons aller à l’essentiel. Et l’essentiel, c’est la France! Son avenir, sa jeunesse, sa force.
Si nous voulons que la France reste une nation maîtresse de son destin, nous devons lui rendre la force économique qu’elle a perdue depuis dix ans. Il faut donc produire en France, créer de la richesse en France, créer des emplois durables en France. Pour faire reculer le chômage de masse.
C’est le but du pacte de responsabilité proposé par le Président de la République.
Le chômage assomme notre pays depuis des décennies. Il s’est aggravé mois après mois depuis 2008 : 1,3 million de demandeurs d’emploi supplémentaires en six ans, avant que nous ne parvenions, fin 2013, à ralentir le rythme. La politique de l’emploi conduite depuis vingt-deux mois en direction des jeunes a eu des résultats : il y a moins de jeunes chômeurs aujourd’hui qu’il y a un an. Mais cela ne suffit pas ! Sans une croissance plus forte, nous ne ferons rien. Et la croissance ne se décrète pas. Elle se stimule, avec pragmatisme et volontarisme. Sans croissance pas de confiance, et sans confiance, pas de croissance. Je le dis sans détour : nous avons besoin de nos entreprises, de toutes nos entreprises, de nos PME, de nos « start-up », de nos artisans, de nos associations et coopératives. Entreprendre, créer, prendre des risques, embaucher : c’est cette démarche positive que je veux encourager parce qu’elle fait du bien à notre pays. Sortons des défiances, des postures, des caricatures. Et c’est pourquoi je salue nos entreprises, nos PME-PMI, nos artisans, nos agriculteurs, nos commerçants qui travaillent dur, qui aiment leur métier et qui considèrent que le travail est une valeur. Soutenir les entreprises, c’est soutenir l’emploi, l’investissement, les exportations. Alors oui, nous agirons pour encourager les entreprises, pour soutenir la recherche et l’innovation, améliorer le fonctionnement du marché du travail, alléger les coûts, simplifier les procédures et favoriser le dialogue social à tous les niveaux. Avec exigence, car les entreprises ont des responsabilités vis-à-vis de leurs cadres, leurs employés, leurs ouvriers. Ce sont eux qui font leur richesse. L’idée du Pacte de responsabilité et de solidarité est simple : chacun doit s’engager pour l’emploi. C’est une initiative novatrice dans un pays comme le nôtre. Notre pays doit apprendre à oser ces compromis positifs et créatifs. Les divergences d’intérêt existent, il ne s’agit pas de les effacer mais de les dépasser, pour l’intérêt général. C’est ça la modernité ! Il faut maintenant donner corps à ce Pacte.
Le Président de la République avait indiqué, le 14 janvier, que le Gouvernement engagerait sa responsabilité sur ce Pacte. C’est donc ce que je fais aujourd’hui devant vous. Comment imaginer d’ailleurs une déclaration de politique générale si elle n’abordait pas ces sujets ? Mais il y aura d’autres débats et d’autres votes. Fin avril, l’Assemblée nationale sera saisie du programme de stabilité et de la trajectoire des finances publiques. Au début de l’été, un projet de loi de finances rectificative traduira les économies nouvelles que nous aurons proposées. Et il y aura évidemment le rendez-vous crucial de la loi de finances initiale. Ces débats ces votes qui traduiront notamment la mise en œuvre du pacte de responsabilité et de solidarité permettront aux parlementaires d’être des acteurs à part entière de son contenu. Rien ne peut se faire sans le Parlement. Je crois qu’il est responsable et transparent, de vous présenter, à vous députés, et aux Français, dès ce premier discours devant le Parlement, les orientations du Pacte de responsabilité et de solidarité. Une négociation entre partenaires sociaux a fixé des engagements pour l’emploi. Le moment de la décision est venu.

D’abord, il y a le coût du travail. Il doit baisser. C’est un des leviers de la compétitivité – pas le seul – mais il pèse lourd. Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault avait engagé le mouvement avec la création du Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi qui doit atteindre douze milliards cette année et vingt milliards l’année prochaine. Nous porterons les allégements du coût du travail à trente milliards d’ici 2016. Comment ? Je refuse d’opposer l’effort pour les emplois les moins qualifiés – dont nous avons besoin – et celui pour les emplois qualifiés qui font notre compétitivité – notamment dans l’industrie. L’un répond à l’urgence de créer des emplois, l’autre à la nécessité d’exporter. Nous ferons donc les deux.
- Au niveau du SMIC, les cotisations patronales à l’URSSAF seront entièrement supprimées au 1er janvier 2015. Zéro charges pour l’employeur d’un salarié payé au SMIC. Voilà une vraie révolution. Le barème des allégements existants entre le SMIC et 1,6 fois le SMIC sera modifié en conséquence. Nous y consacrerons 4,5 milliards d’euros.
- Pour les salaires jusqu’à trois fois et demi le SMIC, c’est-à-dire plus de 90% des salariés, les cotisations Famille seront abaissées de 1,8 point au 1er janvier 2016. Cela représente un allégement supplémentaire de près de 4,5 milliards d’euros. Cela ne pénalisera en rien le financement de la politique familiale, qui se verra affecter d’autres recettes pérennes.
- Les travailleurs indépendants et artisans qui représentent des gisements de créations d’emplois, bénéficieront d’une baisse de plus de trois points de leurs cotisations famille dès 2015 (soit un milliard d’euros). Voilà l’effort de l’État. Il est à la hauteur de l’enjeu. Trente milliards de baisse du coût du travail, l’équivalent des cotisations famille comme l’avait dit le Président de la République, le 14 janvier dernier. Pour relever l’investissement, le gouvernement agira aussi par la fiscalité.

D’abord, en réduisant les impôts de production, comme la « contribution sociale de solidarité des sociétés – C3S » payée par 300.000 entreprises. Elle sera entièrement supprimée en trois ans. Cela représente environ six milliards d’euros de marges supplémentaires, dont un milliard dès 2015.
- Concernant l’impôt sur le résultat des sociétés, la «surtaxe » instaurée sous la mandature précédente sera supprimée en 2016. Le taux normal de cet impôt sera par ailleurs abaissé à 28 % en 2020, avec une première étape intermédiaire en 2017. Pour simplifier notre système fiscal, plusieurs dizaines de petites taxes complexes et de faible rendement seront enfin supprimées. L’État a pris ses responsabilités. Aux employeurs de tenir leurs engagements. Ils ont été précisés dans l’accord passé entre les partenaires sociaux, le cinq mars dernier. Cet accord fixe deux grands objectifs :
- La création d’emplois, en particulier pour les jeunes et les seniors.
- La qualité de l’emploi, la formation des salariés, l’amélioration et la reconnaissance des qualifications.
Autour de ces objectifs, les négociations doivent s’engager, dans les prochaines semaines, dans chaque branche professionnelle. La grande conférence sociale qui se réunira à l’été permettra de mesurer ensemble la dynamique ainsi créée. Le Pacte est aussi un Pacte de solidarité, il doit améliorer le pouvoir d’achat des salariés les plus modestes. Le meilleur moyen c’est d’agir sur les cotisations salariales pour augmenter le salaire net, celui que l’on touche à la fin du mois. Dès le 1er janvier 2015, elles seront diminuées pour les salaires au niveau du SMIC pour procurer 500 euros par an de salaire net supplémentaire. C’est presque la moitié d’un mois pour un salarié payé au SMIC. Ce gain sera dégressif entre le SMIC et 1,3 fois le SMIC. Par ailleurs, mon gouvernement proposera d’alléger la fiscalité pesant sur les ménages modestes, en particulier ceux qui sont entrés dans le champ de l’impôt sur le revenu ces dernières années alors même que leur situation ne s’était pas améliorée. L’ensemble de ces mesures en faveur des ménages modestes représentera cinq milliards d’euros à l’horizon 2017.

Mesdames, messieurs les députés,
La croissance, c’est aussi l’économie verte. La transition énergétique sera l’une de mes priorités. C’est une formidable opportunité économique. Concrètement, la transition énergétique réduit notre déficit commercial et renforce notre souveraineté. Elle redonne du pouvoir d’achat grâce aux économies liées à la rénovation énergétique des logements et aux véhicules qui consomment peu. Elle encourage des secteurs extrêmement porteurs en termes d’emplois. Je pense en particulier au bâtiment. Mais il y aussi la nécessité écologique. Le climat est probablement le domaine où le besoin de régulation se fait le plus pressant. La France accueillera à Paris, fin 2015, la grande conférence sur le climat. Il s’agit là d’un enjeu planétaire majeur, auquel nous répondrons en nous dotant d’une véritable « stratégie bas carbone » qui sera présentée par le gouvernement au Parlement.
L’objectif est de réduire de 30% notre consommation d’énergie fossile d’ici 2030 et de 40 % nos émissions de gaz à effet de serre à la même échéance. L’engagement du Président de la République de passer à 50 % la part du nucléaire dans la production d’électricité d’ici 2025 sera tenu. Il sera inscrit dans la loi sur la transition énergétique soumise au conseil des ministres avant l’été. Cette loi sera le texte fondateur de notre nouvelle politique énergétique.

Mesdames et messieurs les députés,
Notre redressement passera aussi par notre indépendance financière.
La dette publique est notre responsabilité collective.
Là encore, il faut dire la vérité. La dette, Lionel Jospin l’avait stabilisée à un peu plus de 50 % du PIB en 2002. En 2007, lorsque Jacques Chirac quitte l’Élysée, elle représentait 65 % des richesses que nous produisions chaque année. Cinq ans plus tard, à la fin du mandat de Nicolas Sarkozy, elle avait explosé, et atteignait 90% de la production nationale. Aujourd’hui, elle représente 30.000 euros pour chaque Français. Cette situation nous oblige, tous.
Les gouvernements successifs ont choisi de redresser nos comptes en privilégiant les augmentations répétées des prélèvements. C’est particulièrement vrai depuis 2010. La précédente majorité y a pris sa part (trente milliards) autant que l’actuelle. Ces hausses n’ont pas épargné les classes moyennes. Il faut en finir avec l’inventivité fiscale qui génère une véritable angoisse chez nos concitoyens.
En 2012, nous avons trouvé une dette qui s’était envolée, et un déficit des comptes publics de 5,2 % du PIB. Nous l’avons déjà ramené à 4,3 % fin 2013. Et nous allons poursuivre ce redressement tout au long du quinquennat.
Je vous propose un changement de rythme pour éviter tout recours à l’impôt et financer le redressement de notre économie : cinquante milliards d’euros d’économies sur trois ans de 2015 à 2017. L’effort sera partagé par tous. L’État et ses agences en prendront la plus grande part, dix-neuf milliards d’euros. Dix milliards proviendront de l’assurance maladie et dix milliards supplémentaires des collectivités locales. Le reste viendra d’une plus grande justice, d’une mise en cohérence et d’une meilleure lisibilité de notre système de prestations.
Mais je ne veux pas casser la croissance, sinon nos déficits ne diminueront pas et le chômage ne sera pas réduit. Bien sûr, il faut redresser nos comptes publics mais sans casser notre modèle social et nos services publics, sinon les Français ne l’accepteraient pas.
Je suis pour le respect de nos engagements, pour le sérieux budgétaire, pas pour l’austérité !

Ce nécessaire équilibre, nous allons, à nouveau, l’expliquer à nos partenaires européens. La reprise économique est là, mais elle est fragile. Nous devons l’entretenir comme un feu naissant, l’accompagner. Et les efforts que nous faisons sur la réduction de nos déficits, sur nos réformes structurelles, sur la compétitivité des entreprises, sur le coût du travail, ne doivent pas être balayés par un niveau trop élevé de l’euro. Il est aujourd’hui 10 % plus cher qu’à l’été 2012 ; ce qui évidemment pèse sur nos exportations. La Banque Centrale Européenne mène une politique monétaire moins expansionniste que ses consœurs américaine, anglaise ou japonaise. Et c’est dans la zone euro que la reprise économique est la moins vigoureuse. Ce sujet, qui va d’ailleurs être au cœur des prochaines élections européennes, je veux l’aborder très directement. Car il appartient à l’Europe d’apporter des réponses concrètes aux attentes des peuples. Ce qui est essentiel, c’est de remettre l’Union Européenne sur le chemin de la croissance au travers de politiques de grands investissements, des politiques pour l’emploi, notamment tournées vers la jeunesse. Sinon, tous les efforts de réduction des déficits seront vains. Et je ne veux pas que cette magnifique aventure qui a uni notre continent perdre son éclat et finalement sa logique. Je reste convaincu que la France ne peut pas se passer de l’Europe et que l’Europe ne peut pas se passer de la France. Et je suis très attaché à la solidité du couple franco-allemand.
Notre indépendance financière passe aussi par des réformes de structures. La France est prête à ces réformes et notamment celle du « millefeuille territorial ». Je propose quatre changements majeurs susceptibles de dépasser les clivages partisans :
- Le premier concerne nos régions. Il s’inspire du rapport des Sénateurs Yves Krattinger et Jean-Pierre Raffarin. Nos régions doivent disposer d’une taille critique. Ainsi elles auront tous les leviers, toutes les compétences, pour accompagner la croissance des entreprises et encourager les initiatives locales. Je propose de réduire de moitié le nombre de régions dans l’hexagone. Sur la méthode, il s’agit de faire confiance à l’intelligence des élus. Les régions pourront donc proposer de fusionner par délibérations concordantes. En l’absence de propositions, après les élections départementales et régionales de mars 2015, le gouvernement proposera par la loi une nouvelle carte des régions. Elle sera établie pour le 1er janvier 2017.
- Mon deuxième objectif, c’est l’intercommunalité. Une nouvelle carte intercommunale, fondée sur les bassins de vie entrera en vigueur au 1er janvier 2018.
- Mon troisième objectif, c’est la clarification des compétences. C’est pourquoi je proposerai la suppression de la clause de compétence générale. Ainsi, les compétences des régions et des départements seront spécifiques et exclusives.
- Enfin, mon dernier objectif est d’engager le débat sur l’avenir des conseils départementaux. Je vous propose leur suppression à l’horizon 2021. Je mesure l’ampleur de ce changement. Il nous faudra notamment répondre au sentiment d’abandon qui existe dans nos départements et territoires ruraux. Ce changement donnera lieu à un profond débat dans le pays qui associera les élus et les citoyens. Mais il est désormais temps de passer des intentions aux actes. Pour ce qui concerne l’État, sa présence sur l’ensemble du territoire est indispensable. Le maillage territorial des préfectures, des sous-préfectures, ne sera pas remis en cause, mais il faudra l’adapter progressivement à la nouvelle donne territoriale. C’est la garantie d’un égal accès de tous les citoyens aux services publics. Je veux d’ailleurs rendre hommage à l’ensemble de ces agents, qui sont le visage du service public.

Mesdames, messieurs les députés,
Redresser la France, c’est la redresser dans la justice. La France sera forte, si elle est juste. Notre nation est singulière : elle ne peut pas concevoir la force sans la Justice. L’un de nos grands génies, Blaise Pascal, l’a formulé de façon lumineuse : « la justice sans la force est impuissante. La force sans la justice est tyrannique ». Nous ferons tout pour que notre pays soit fort et juste. Le gouvernement que je conduis accompagnera les Français les plus modestes. Là encore, aucune dispersion. Le Président de la République a indiqué le cap. Il faut aller à l’essentiel : l’école et le logement. Ces sujets sont vastes. Je n’évoquerai donc que les points essentiels.

Investir dans l’école de la République, dans ses enseignants, et pour ses élèves, c’est réinvestir la République de sa mission première : chaque enfant, peu importe son milieu social, doit bénéficier des mêmes opportunités. Depuis deux ans, nous avons engagé une re-fondation de l’école : réforme des métiers, rétablissement de la formation des maîtres, lutte contre l’échec scolaire, priorité donnée au primaire, relance de la scolarisation des moins de trois ans. Le redressement de l’école doit être poursuivi.

L’aménagement des rythmes scolaires est une bonne réforme car avec elle beaucoup plus d’enfants ont accès à des activités périscolaires, sportives, culturelles très complémentaires de l’éducation donnée par les enseignants. 93 % des communes s’y sont déjà engagées. Cependant, j’ai entendu les remarques de bonne foi venant des élus. Ainsi, le cadre réglementaire sera assoupli après les concertations nécessaires avec les enseignants, les parents et les élus.
Ce qui doit compter et nous rassembler, c’est la réussite des élèves, partout en France.

Deuxième priorité : le logement.
Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est de relancer la construction là où les besoins existent.
Pour produire davantage de logements, moins chers, plus vite, il faut simplifier. Cinquante mesures de simplification de règles et de normes existantes seront prises sans transiger sur la qualité et la performance. Les arrêtés seront publiés avant l’été.
Le logement pour tous est une mission qu’il nous faut mener ensemble, État, collectivités territoriales, de droite comme de gauche, entreprises, bailleurs sociaux et privés.

Mesdames et messieurs les députés,
La réalité je l’ai décrite. Elle atteint le moral des Français. Car ce qu’il manque dans leurs yeux, c’est la confiance en eux-mêmes. La confiance est la clef de tout. Je veux la donner à travers vous. Mais je viens aussi la chercher en vous. Et je veux dire aux Français qu’ils doivent se regarder avec lucidité mais aussi fierté.

Notre pays a de la grandeur. Cette grandeur n’est pas une nostalgie, c’est l’ambition qui nous anime de génération en génération. Car la France a tant d’atouts. Nos services publics, nos infrastructures, nos grandes entreprises, la beauté de nos paysages et de nos villages. Il y aussi notre agriculture, notre ruralité à la fois notre patrimoine et notre modernité. Il y a aussi l’immensité de notre espace maritime. Et les Outre-mer ont un rôle primordial – sur les cinq continents – pour notre présence dans le monde. Tout comme l’ensemble de nos compatriotes qui sont établis et travaillent à l’étranger.
Notre pays a une culture magnifique. La Francophonie, c’est plus de deux cents millions de personnes, dans soixante-quinze pays, sur l’ensemble des continents. La France, c’est la cinquième puissance mondiale. Son message est entendu, sa voix est respectée. Son drapeau parle directement au cœur des peuples opprimés.
Notre pays a du génie, dans l’innovation, la création. Je pense à notre 7ème Art ou à notre musique qui sont capables de conquérir le monde. Je pense également à nos médecins, à nos chercheurs, à nos scientifiques, à nos prix Nobel.
Et puis, notre pays a le plus bel atout qui soit : la République et ses principes de tolérance, de solidarité, de respect et de progrès. La République, c’est avant tout les mêmes droits et les mêmes devoirs pour tous les citoyens. La République, c’est la sécurité. La République, c’est la laïcité. C’est l’essence de notre nation, sa sève, sa flamme.
La France, c’est aussi un pays de liberté. Cette majorité l’a montré en ouvrant le mariage aux couples de même sexe. Mais je souhaite l’apaisement, et c’est la volonté du Président de la République. Et c’est aussi cela la gauche ! La gauche est fidèle à elle-même et à ses valeurs quand elle sait s’adresser à tous et rassembler.
Dans un pays traversé par les fractures, les rumeurs, notamment sur cette soi-disant théorie du genre à l’école, tous les républicains doivent savoir s’écouter, se retrouver et éviter les surenchères dont les extrémismes sont les seuls vainqueurs.
Je pense à la réforme pénale, dont le but, je le rappelle, est de lutter contre la récidive.
Je pense à la famille, sujet sur lequel nous devons continuer à légiférer dans le seul intérêt de l’enfant.
Je pense à la politique d’immigration et d’asile : deux projets de loi vous seront bientôt soumis. Je pense aussi à la fin de vie pour laquelle un consensus peut être trouvé dans le prolongement de la loi Leonetti. Il faut croire en nous-mêmes et en notre jeunesse. C’est la grande priorité établie par la Président de la République. Notre jeunesse, toute notre jeunesse, celle notamment de nos quartiers populaires, victime trop fréquemment, je le sais, des discriminations. Souvent ces jeunes voudraient, mieux encore, aimer la France et être aimés d’elle. Je veux aussi dire à ces talents qui pensent que la France ne leur fait pas de place, que la France a besoin d’eux.

Soyons fiers d’être Français!

La France c’est un pays qui a toujours vu plus loin que lui. La France, c’est un pays qui porte son regard au-delà de lui-même. Et moi, je me battrai pour qu’il continue à voir plus grand. Car c’est cela être Français.
La France, c’est cette envie de croire que l’on peut pour soi et pour le reste du monde. La France ce n’est pas le nationalisme obscur, c’est la lumière de l’universel. La France, oui, c’est l’arrogance de croire que ce que l’on fait ici vaut pour le reste du monde. Cette fameuse « arrogance française » que nos voisins nous prêtent souvent, c’est en fait cette immense générosité d’un pays qui souhaite se dépasser lui-même.
La France a cette même grandeur qu’elle avait dans mon regard d’enfant, la grandeur de Valmy, celle de 1848, la grandeur de Jaurès, de Clemenceau, de De Gaulle, la grandeur du maquis. C’est pourquoi j’ai voulu devenir Français.
Voilà ce que nous sommes et ce que nous devons rester. Ne rétrécissons pas la France, ne rétrécissons pas ses rêves. Et je vous demande le cœur battant pour la France de m’accorder votre confiance. Pour qu’ensemble, cette confiance, nous la rendions aux Français !

Partager cet article
Repost0
2 avril 2014 3 02 /04 /avril /2014 16:14

     Le mouvement d’idées « Social-Démocratie » est heureux de voir nommer à la tête du gouvernement M. Manuel Valls, qu’il avait soutenu lors des Primaires Socialistes, et dont il apprécie l’alliance de réalisme économique – assumant une économie de marché régulée – et d’engagement à gauche – pour la défense des valeurs de justice sociale et de solidarité.


     Manuel Valls a notamment la lucidité et le courage de s’affranchir de certains dogmes irréalistes et contre-productifs d’une certaine gauche obsolète, décalée des réalités économiques.


     Précisons à ce propos que la lucidité et le réalisme économiques n’excluent pas – mais permettent au contraire – une action progressiste à la fois volontariste et efficace sur le monde, notamment dans la lutte pour l’éradication du chômage de masse et ses fléaux – pauvreté, moins-disant salarial et baisse des salaires, fuite d’une partie du PIB vers les paradis fiscaux, chute de consommation et de croissance, asphyxie des entreprises, endettement public, austérité, extrême droite…


     Un homme de gauche est d’autant plus efficace dans son action qu’il est lucide sur les réalités du monde. On ne peut pas améliorer le monde si on n’en connaît pas – ou mal – les mécanismes, notamment ceux, difficiles et complexes, de la création d’emplois productifs et durables par les entreprises privées. Le conservatisme (qui se satisfait du monde tel qu’il est) a le droit d’être aveugle si ça lui chante ; le progressisme (qui veut améliorer le monde) a le devoir d’être lucide.


     Au sein d’une économie de marché régulée, notamment, l’homme politique a le devoir de mettre l’entreprise en situation de pouvoir créer de l’emploi. Il n’a pas pour autant le droit de la mettre en situation de devoir créer de l’emploi. Créer un emploi productif est en effet autre chose que de créer un poste de fonctionnaire ; ceux qui ont eu la difficulté – et le bonheur – de créer un jour un emploi le savent. Le pacte de responsabilité n’est pas un pacte d’obligation mais de confiance vis-à-vis de l’entreprise et de l’économie. Il n’y a pas de « cadeau au patronat », comme le pérore une certaine gauche haineuse et limitée, mais une mise en situation favorable de création d’emplois productifs et durables par les entreprises privées, qui est la meilleure façon pour l’homme politique d’aujourd’hui de rendre service à son pays et à ses concitoyens. Seule la création d’emplois, en effet, sera à même de réduire la pauvreté, l’injustice sociale et l’extrême droite ; l’indignation bien-pensante en la matière ne suffit pas. Dans une économie de marché mondialisée, être de gauche ne se réduit pas à brider et pressurer l’entreprise ; c’est quelque chose d’un peu plus complexe – et plus difficile – que cela.


     Au-delà de la nomination d’un Premier Ministre lucide et combatif, le mouvement d’idées « Social-Démocratie » souhaite que Manuel Valls incarne pour l’avenir de notre pays une gauche nouvelle, moderne, en phase avec les réalités économiques de l’entreprise et de l’emploi, à l’instar du Parti Social-Démocrate allemand, du New Labour britannique ou du Parti Démocrate américain.


Christophe Chomant, le 02-04-2014

 

     « Social-Démocratie » est un réseau national de militants progressistes issus de la motion 4 du Congrès du Mans et des courants socio-démocrates rocardiens et strauss-kahniens.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Christophe Chomant - Social-Démocratie
  • : Actualités politiques du militant social-démocrate Christophe Chomant
  • Contact

Recherche