Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
26 janvier 2024 5 26 /01 /janvier /2024 12:18

Devant la menace RN, créditée d’entre 28 et 30 % des intentions de vote aux élections européennes, l’argumentaire auprès des électeurs peut être certes de rappeler les collusions RN-Poutine, RN-PAC, RN-Mercosur ou les détournements d’argent public, en guise de stratégie à court terme face à l’échéance.
Mais sans perdre de vue que la courbe de l’extrême droite épouse fidèlement celle du chômage de masse depuis 40 ans en France (comme dans l’Allemagne des année 30) et qu’un traitement radical-racinaire de l’extrême droite implique l’éradication de ce chômage, dont se régalent les employeurs pour son potentiel de moins-disant salarial et social.
La lutte racinaire contre l’extrême droite implique donc : 1) un engagement volontariste pour une relative protection de notre économie, 2) sa ré-industrialisation (notamment dans les secteurs d’avenir comme la transition écologique) et 3) un partage du temps de travail ciblé sur les entreprises opérant des gains de productivité (via par exemple une sur-fiscalisation conditionnelle des dividendes).
Trois leviers dont les deux premiers obligent à un assouplissement des règles néolibérales de l’UE, afin de mettre en place un protectionnisme modéré et intelligemment ciblé (comme ne se privent pas de le faire les États-Unis, la Chine, l’Inde ou la Russie, au détriment de nos emplois), un appui de l’État en faveur des secteurs potentiels de ré-industrialisation, et accessoirement une ré-appropriation par les États de l’énergie et des transports (libéralisés avant la prise de conscience du réchauffement climatique) à fin de planification.
Ce syllogisme [Extrême droite vs mesures volontaristes pour l’emploi] devrait dans l’idéal transparaître en clair dans un programme européen – ainsi que dans un programme pour la présidentielle de 2027.
Ceci afin que l’électorat des classes populaires – ouvriers, employés, chômeurs –, aujourd’hui captif des sirènes d’extrême droite, retrouve le chemin d’un programme de progrès social et d’emploi (le second permettant seul le premier).
Ce devrait être aujourd’hui la priorité centrale et cruciale, face à laquelle le reste des sujets devient relativement secondaire.

 

Contre l'extrême droite, le plein emploi!
Partager cet article
Repost0
17 novembre 2023 5 17 /11 /novembre /2023 15:24

Ni le peuple arabe ni le peuple juif ne méritent la guerre. Chacun doit pouvoir vivre en paix et en sécurité jusqu’à la fin des temps.
Cette paix entre Juifs et Arabes favorisera aussi la paix dans le monde.
Elle devra permettre à chaque Juif d’embrasser chaque Arabe comme son frère, car tous deux sont les fils du même dieu en lequel ils croient, même si chaque homme a tendance à se représenter Dieu selon sa propre image.
Ce dieu partagé plébiscite non pas la séparation des peuples mais le partage du territoire, sans exilés ni captifs, d’un côté comme de l’autre, car telle est la vraie justice selon Dieu.

Du duel actuel entre Arabes et Juifs ne naîtra pas spontanément la paix. Le monde, le monde occidental en particulier, responsable de cette situation conflictuelle, devra venir en aide aux deux belligérants pour les aider à trouver ensemble le chemin de la paix.
Oui, le monde occidental, responsable de la 1ère guerre mondiale, du Traité de Versailles, de la crise de 1929, du chômage de masse en Allemagne, du nazisme et de la Shoah, est en partie responsable de la création de l’État d’Israël sur un territoire peuplé d’Arabes musulmans, qui a conduit à la tragédie de la Naqba en 1948 et à la tragédie actuelle.
Ce monde occidental devra légitimement venir participer aux coûts financiers d’une réparation de la Naqba en dédommagement des réfugiés.
Cette démarche de paix initiée par les pays occidentaux, les Juifs et les Arabes, alliera incitation et fermeté, raison et spiritualité, intelligence et sagesse.

En accueillant son frère arabe dans ses bras, en partageant la terre, en se montrant généreux, équitable et magnanime, le peuple juif coupera l’herbe sous le pied des semeurs de haine à son encontre, geste de fraternité qui cultivera également la paix dans le monde.

Les principes de réparation, de liberté, d’égalité et de laïcité, qui doivent nous guider dans notre démarche, sont les quatre piliers de la paix.

Quelles gigantesques sommes d’argent ont été engouffrées par le peuple juif depuis 1948 dans sa défense et dans ses guerres contre les Arabes ! Plus qu’il n’en faudrait pour loger, nourrir, vêtir, soigner et instruire à satiété les deux peuples réunis. De ce faramineux argent perdu, les peuples juif et arabe auraient pu et pourraient encore faire demain de la Palestine un paradis.
Tout arpent de Palestine peut et doit devenir le lieu d’une culture fertile et d’un foyer familial paisible et heureux.
 
La dignité rendue aux Arabes de Palestine rendra la sienne au peuple juif ainsi qu’au monde entier, jusque-là demeuré impassible ou impuissant.

L’esprit éclairé du peuple juif comprendra la nécessité et le bien-fondé de ce geste du cœur pour un destin heureux.

Celui qui croit en Dieu sait que Dieu le regarde et le juge.
Celui qui n’y croit pas sait que l’Histoire et le genre humain le regardent et le jugent.

 

Adresse aux Juifs d'Israël

Address to the Jews of Israel

 

Neither the Arab people nor the Jewish people deserve war. Everyone must be able to live in peace and security until the end of time.
This peace between Jews and Arabs will also promote peace in the world.
It must allow each Jew to embrace each Arab as his brother, because both are sons of the same god in whom they believe, even if each man tends to represent God according to his own image.
This shared god favors not the separation of peoples but the sharing of the territory, without exiles or captives, on one side or the other, because this is true justice according to God.

Peace will not spontaneously arise from the current duel between Arabs and Jews. The world, the Western world in particular, responsible for this conflict situation, will have to come to the aid of the two belligerents to help them find the path to peace together.
Yes, the Western world, responsible for the First World War, the Treaty of Versailles, the crisis of 1929, mass unemployment in Germany, Nazism and the Shoah, is partly responsible for the creation of the State of Israel in a territory populated by Muslim Arabs, which led to the tragedy of the Naqba in 1948 and to the current tragedy.
This Western world must legitimately contribute to the financial costs of repairing the Naqba by compensating the refugees.
This peace process initiated by Western countries, Jews and Arabs, will combine incitement and firmness, reason and spirituality, intelligence and wisdom.

By welcoming its Arab brother in its arms, by sharing the earth, by showing itself generous, equitable and magnanimous, the Jewish people will cut the ground from under the sowers of hatred against them, a gesture of brotherhood which will also cultivate peace in the world.

The principles of reparation, freedom, equality and secularism, which must guide us in our approach, are the four pillars of peace.

What gigantic sums of money have been swallowed up by the Jewish people since 1948 in their defense and in their wars against the Arabs! More than would be needed to house, feed, clothe, care for and educate the two peoples combined to the fullest extent. With this enormous lost money, the Jewish and Arab people could have and could still make Palestine a paradise tomorrow.
Every acre of Palestine can and must become the place of a fertile culture and a peaceful and happy family home.
 
The dignity restored to the Arabs of Palestine will return its dignity to the Jewish people as well as to the entire world, which until now remained impassive or powerless.

The enlightened mind of the Jewish people will understand the necessity and merits of this gesture of the heart for a happy destiny.

He who believes in God knows that God watches him and judges him.
Anyone who does not believe in it knows that History and humankind look at them and judge them.

 

Adresse aux Juifs d'Israël

خطاب إلى يهود إسرائيل

 


لا الشعب العربي ولا الشعب اليهودي يستحق الحرب. ويجب أن يتمكن الجميع من العيش في سلام وأمن حتى نهاية الزمان.
وهذا السلام بين اليهود والعرب سيعزز السلام في العالم أيضًا.
ويجب أن يسمح لكل يهودي أن يحتضن كل عربي كأخ له، لأن كلاهما أبناء نفس الإله الذي يؤمنون به، حتى لو كان كل إنسان يميل إلى تمثيل الله على صورته.
هذا الإله المشترك لا يحبذ الفصل بين الشعوب، بل تقاسم الأراضي، دون منفيين أو أسرى، من جانب أو آخر، لأن هذه هي العدالة الحقيقية حسب الله.

لن ينشأ السلام عفوياً من المبارزة الحالية بين العرب واليهود. سيتعين على العالم، والعالم الغربي على وجه الخصوص، المسؤول عن حالة الصراع هذه، أن يهب لمساعدة الطرفين المتحاربين لمساعدتهما على إيجاد الطريق إلى السلام معًا.
نعم، إن العالم الغربي، المسؤول عن الحرب العالمية الأولى، ومعاهدة فرساي، وأزمة عام 1929، والبطالة الجماعية في ألمانيا، والنازية والمحرقة، مسؤول جزئياً عن إنشاء دولة إسرائيل في منطقة يسكنها مسلمون. العرب، وهو ما أدى إلى مأساة النكبة عام 1948 وإلى المأساة الحالية.
ويجب على هذا العالم الغربي أن يساهم بشكل مشروع في التكاليف المالية لإصلاح النكبة من خلال تعويض اللاجئين.
إن عملية السلام هذه التي بدأتها الدول الغربية، يهوداً وعرباً، ستجمع بين التحريض والحزم، والعقل والروحانية، والذكاء والحكمة.
من خلال الترحيب بأخيه العربي بين ذراعيه، ومن خلال تقاسم الأرض، ومن خلال إظهار نفسه ككرم ومنصف وشهام، فإن الشعب اليهودي سوف يسحب البساط من تحت زارعي الكراهية ضده. إن بادرة الأخوة هذه ستزرع السلام في العالم أيضًا.
إن مبادئ جبر الضرر والحرية والمساواة والعلمانية، التي يجب أن نسترشد بها في نهجنا، هي الركائز الأربع للسلام.

وما هي المبالغ الطائلة التي ابتلعها الشعب اليهودي منذ عام 1948 دفاعاً عن نفسه وفي حروبه ضد العرب! أكثر مما هو مطلوب لإيواء وإطعام وكساء ورعاية وتعليم الشعبين مجتمعين إلى أقصى حد. وبهذه الأموال الهائلة الضائعة، كان بإمكان الشعب اليهودي والعربي أن يجعل من فلسطين جنة الغد، ولا يزال بإمكانه ذلك.
إن كل فدان من فلسطين يمكن، بل ويجب، أن يصبح مكانًا لثقافة خصبة وبيتًا عائليًا مسالمًا وسعيدًا.
 
إن الكرامة التي أعيدت إلى عرب فلسطين ستعيد كرامتها إلى الشعب اليهودي وإلى العالم أجمع، الذي بقي حتى الآن غير متأثر أو عاجز.

إن العقل المستنير للشعب اليهودي سوف يفهم ضرورة ومزايا هذه البادرة القلبية من أجل مصير سعيد.

من يؤمن بالله يعلم أن الله يراقبه ويدينه.
ومن لا يؤمن به يعلم أن التاريخ والبشرية ينظرون إليهم ويحكمون عليهم.

 

Adresse aux Juifs d'Israël

פנייה ליהודי ישראל

 

לא לעם הערבי ולא לעם היהודי מגיע מלחמה. כולם חייבים להיות מסוגלים לחיות בשלום ובביטחון עד קץ הימים.
שלום זה בין יהודים לערבים יקדם גם שלום בעולם.
היא חייבת לאפשר לכל יהודי לחבק כל ערבי כאחיו, כי שניהם בנים לאותו אל בו הם מאמינים, גם אם כל אדם נוטה לייצג את אלוהים על פי צלמו שלו.
האל המשותף הזה לא מעדיף את הפרדת העמים אלא בשיתוף השטח, ללא גולים או שבויים, מצד זה או אחר, כי זהו צדק אמיתי על פי אלוהים.

שלום לא יצמח מאליו מהדו-קרב הנוכחי בין ערבים ליהודים. העולם, העולם המערבי בפרט, האחראי למצב הסכסוך הזה, יצטרך לבוא לעזרת שני המתלהמים כדי לעזור להם למצוא יחד את הדרך לשלום.
כן, העולם המערבי, האחראי למלחמת העולם הראשונה, חוזה ורסאי, משבר 1929, האבטלה ההמונית בגרמניה, הנאציזם והשואה, אחראי חלקית להקמת מדינת ישראל בשטח המאוכלס במוסלמים. ערבים, שהובילו לטרגדיה של הנכבה ב-1948 ולטרגדיה הנוכחית.
העולם המערבי הזה חייב לתרום באופן לגיטימי לעלויות הכספיות של תיקון הנכבה על ידי פיצוי הפליטים.
תהליך השלום הזה שיזמו מדינות המערב, יהודים וערבים, ישלב הסתה ותקיפות, שכל ורוחניות, אינטליגנציה וחוכמה.

על ידי קבלת פני אחיו הערבי בזרועותיו, על ידי שיתוף האדמה, על ידי הצגת עצמו נדיב, שוויוני ונדיב, העם היהודי יחתוך את האדמה מתחת לזורעי השנאה נגדם, מחווה של אחווה שתטפח גם שלום במדינה. עוֹלָם.

עקרונות הפיצוי, החירות, השוויון והחילוניות, שחייבים להנחות אותנו בגישתנו, הם ארבעת עמודי התווך של השלום.

איזה סכומי כסף עצומים בלע העם היהודי מאז 1948 להגנתו ובמלחמותיו נגד הערבים! יותר ממה שנדרש כדי לשכן, להאכיל, להלביש, לטפל ולחנך את שני העמים יחדיו במלואם. עם הכסף האבוד העצום הזה, העם היהודי והערבי יכלו ויכלו להפוך את פלסטין לגן עדן מחר.
כל דונם של פלסטין יכול וחייב להפוך למקום של תרבות פורייה ובית משפחה שליו ומאושר.
 
הכבוד שהוחזר לערביי פלסטין יחזיר את כבודו לעם היהודי וגם לעולם כולו, שעד כה נותר חסר אונים או חסר אונים.

המוח הנאור של העם היהודי יבין את הנחיצות והיתרונות של מחוות הלב הזו למען גורל מאושר.

מי שמאמין באלוהים יודע שאלוהים מתבונן בו ושופט אותו.
כל מי שלא מאמין בזה יודע שההיסטוריה והמין האנושי מסתכלים עליהם ושופטים אותם.

 

Adresse aux Juifs d'Israël
Partager cet article
Repost0
2 août 2023 3 02 /08 /août /2023 13:12

Dans notre république, les citoyens sont égaux. Certains, comme les policiers, portent une arme, parce que le peuple français leur a délégué ce pouvoir pour faire régner l’ordre. Ce pouvoir de porter une arme ne leur a pas été délégué pour en faire usage sur des innocents, sous peine de quoi le contrat civil n’est pas respecté ; il est rompu et le système explose.
Par ailleurs, le fait qu’un citoyen lambda ou un policier se trouve incarcéré pour avoir commis des violences sur une personne est – ni plus ni moins – conforme à la loi. Le contester, c’est rejeter le principe de la loi et de l’État de droit, ce qui est également explosif à terme.
Dans notre contexte social tendu par le chômage de masse, la paupérisation grandissante et l’enrichissement des plus riches, toute violence policière inappropriée et/ou sentiment d’impunité des policiers exacerbe la défiance, la colère et la violence populaires.
Dans ce contexte social, le fait pour la justice d’incarcérer un policier coupable de violences est un message de sécurisation et d’apaisement adressé à la population, pour atténuer sa colère et contribuer à l’ordre.
Inversement, s’indigner de cette incarcération comme l’ont fait le DGPN Frédéric Veaux et le préfet de police de Paris Laurent Nuñez, soutenus par le Ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, accentue le sentiment d’insécurité et la défiance éprouvés par la population à l’encontre des forces de l’ordre, met de l’huile sur le feu et aggrave à terme le désordre social et les violences populaires.
Réflexe corporatiste illégaliste à court terme ; mais erreur inconséquente et irresponsable à moyen et long termes. À l’heure des réseaux sociaux passionnels, réducteurs et court-termistes, même les dirigeants de nos forces de l’ordre ne savent plus réfléchir de façon froide, clairvoyante et rationnelle, ce qui est inquiétant :-/
L’heure n’est pas à juger le policier incriminé – qui n’a pas été incarcéré pour rien – mais à réfléchir aux conséquences sociales des violences policières injustifiées ou, pire encore, de leur impunité. Toute violence policière inappropriée (due à une formation au rabais, des conditions de travail difficiles et un épuisement nerveux ?) nourrit la peur et la colère populaires. Apaiser cette colère invite à minimiser ces violences et, le cas échéant, à les sanctionner avec fermeté. C’est le prix et la condition de l’ordre social.

 

L’ordre social appelle à sanction de policiers fautifs
Partager cet article
Repost0
12 mai 2023 5 12 /05 /mai /2023 14:14
Le nucléaire face au réchauffement climatique

Face au péril climatique, le débat sur le nucléaire ne consiste plus à en soupeser avantages et inconvénients, connus de tous, mais à interroger les possibilités d’énergies renouvelables (EnR) :
- Après sobriété (hypothétique) de 40 %, quel volume d’énergie hydrocarbure nous restera-t-il à décarboner (sur les 87 Mtep/an actuels) ?
- Combien d’éoliennes et de photovoltaïque représente ce volume d’énergie ?
- Quels volumes de ressources (notamment cuivre, mais pas que) nécessiteraient la production de ce volume d’EnR ?
- Quels pays seront en mesure de nous fournir ces ressources, dans un contexte de demande croissante ? À quel prix ? À quel taux volumique (qui ne cesse de décroître) ? Avec quelle consommation et quel type d’énergie pour l’extraction, la fabrication et le transport ? Avec quel impact carbone ? Avec quels impacts polluants sur l’environnement (métaux toxiques, radioactivité) ? Dans quel contexte géopolitique mondial ?
- Par ailleurs, par quels moyens techniques régulera-t-on l’intermittence des EnR pour assurer un réseau électrique stable, capable d’alimenter en continu aciéries, verreries, papeteries, cimenteries, trains, voitures, camions et appareils de chauffage ?
- Quelle sera la surface d’implantation nécessaire à ces EnR ? Avec quel impact sur le paysage ?
- Avec cette question finale : une fois atteint le maximum d’EnR qu’on puisse produire, implanter et réguler sur notre territoire, le volume d’énergie qu’elles produiront répondra-t-il à nos besoins, ou serons-nous condamnés à recourir au nucléaire ?
Tel est aujourd’hui le débat sur le nucléaire face au réchauffement climatique.

RTE (Réseau de Transport d’Électricité), nous dit-on, aurait travaillé sur des scénarios montrant « qu’on peut se passer du nucléaire ».
RTE a en effet esquissé 6 scénarios de mix électrique 2060, dont 3 (M0, M1 et M23) sont censés nous sortir du nucléaire vers 2050 (M0) ou 2060 (M1 et M23).
Or, il convient de rester prudents sur ces perspectives théoriques.
Le rapport RTE précise lui-même « qu’il ne peut exister aucune ambiguïté sur le caractère très ambitieux de tels rythmes, qui dépassent les meilleures performances européennes en la matière, et qui semblent aujourd’hui difficilement atteignables au vu des rythmes constatés et projetés et des difficultés d’acceptabilité des nouveaux projets ». Dit entre les lignes : les scénarios M, théoriques sur papier, seront difficilement applicables dans la réalité.
Comme évoqué plus haut, se posent en effet différentes questions :
- Le mix M0, proposant un total d’énergie de 712 TWh, répondra-t-il aux besoins de la consommation du pays, puisque nos 87 Mtep d’hydrocarbures annuels (soit 1.011 TWh) devront avoir été pour partie réduits par sobriété (40 % ?) et pour l’autre partie transformés en électricité, et qu’ils viendront s’ajouter à nos 459 TWh d’électricité déjà produits et consommés chaque année, ce dans un contexte de gourmandise énergétique croissante (et insatiable) des Français ? Nous consommons aujourd’hui 459 + 1.011 = 1.470 TWh d’énergie électrique et hydrocarbure : quid d’un horizon 2050 à 712 TWh ? On peut être sceptique, et à tout le moins prudent sur l’adéquation de ce volume à nos besoins futurs.
- Les capacités de régulation (‘flexibilité’) de l’intermittence des EnR sont prévues par RTE à hauteur de 117 GW, dont 29 GW de « nouveau thermique décarboné » et 26 GW de batteries. Or, si ce « nouveau thermique décarboné » consiste en biocarburant, quel en sera l’impact sur les surfaces agricoles alimentaires, ce dans un contexte de sécheresse accrue ? S’il s’agit d’hydrogène vert, avec quel volume d’électricité sera-t-il produit (en en prenant en compte la perte énergétique) ? Quel sera par ailleurs l’impact ressourciel et environnemental de la production de batteries à hauteur de 26 GW ? RTE note d’ailleurs que ce ‘thermique décarboné’ « deviendra massif – donc coûteux – si l’on tend vers 100% d’EnR » (lire entre les lignes : financièrement inaccessible).
- Un développement massif d’EnR soulève un problème d’implantation géographique au détriment du paysage et d’activités diverses : « Le développement des énergies renouvelables soulève un enjeu d’occupation de l’espace et de limitation des usages », prévient RTE.
- Un développement massif d’EnR impliquera une extraction massive de minerai (principalement cuivre) avec un coût énergétique exponentiel à cause de la baisse constante des taux volumiques.
- Cette extraction de minerais aura également un impact toxique sur l’environnement. L’extraction du cuivre ou tout autre métal rejette dans l’environnement des métaux indésirables et létaux (plomb, arsenic, mercure, cadmium, antimoine). L’extraction d’une tonne de néodyme pour les éoliennes offshore génère par ailleurs 350.000m3 de gaz radioactifs, 2.600m3 d’eau acide et une tonne de déchets radioactifs. Connaissant l’homme, il est capable de se ruer sur les « EnR-miracles » en polluant la terre plus encore que ne le font les hydrocarbures ou le nucléaire – et de ne s’en apercevoir que dans un siècle.
- La demande croissante des pays développés en minerais pour les EnR en fera monter les prix sur le marché et génèrera des tensions géopolitiques.
Même si RTE note que « l’économie de la transition énergétique peut générer des tensions sur l’approvisionnement en ressources minérales, particulièrement pour certains métaux, qu’il sera nécessaire d’anticiper », ses scénarios se contentent d’être théoriques, sans en prendre en compte les contingences ressourcielles, environnementales et géopolitiques des décennies qui viennent.
Il convient donc de rester prudents sur la faisabilité des scénarios M au-delà de leur conception théorique (sollicitée par les mouvements anti-nucléaires).
Dans ses conclusions, le rapport RTE mentionne que « pour 2030, développer les énergies renouvelables matures le plus rapidement possible et prolonger les réacteurs nucléaires existants dans une logique de maximisation de la production bas-carbone augmente les chances d’atteindre la cible du nouveau paquet européen » et que « construire de nouveaux réacteurs nucléaires est pertinent du point de vue économique, a fortiori quand cela permet de conserver un parc d’une quarantaine de GW en 2050 (nucléaire existant et nouveau nucléaire) ».
En conclusion, ne nous empressons pas de faire dire à RTE ce qu’il ne dit pas, en l’occurrence qu’on pourrait « se passer du nucléaire ».
Ce qui est certain, c’est que le combat antinucléaire dans l’objectif d’une minimisation de la part du nucléaire dans le futur mix énergétique doit dépasser les slogans traditionnels « nucléaire = danger » et impose de se saisir de ces questions techniques complexes et de les travailler et maîtriser en profondeur, tout particulièrement celles de la régulation de l’intermittence, des capacités ressourcielles et de leur coût énergétique, financier et environnemental.
Face au réchauffement climatique, le combat antinucléaire doit se métamorphoser.

 

Partager cet article
Repost0
30 décembre 2022 5 30 /12 /décembre /2022 11:20

Il existe en France un problème d’insuffisance de médecins généralistes ou spécialistes et de leur mauvaise répartition sur le territoire, dont il résulte des « déserts médicaux » et l’impossibilité pour certains Français d’accéder à un médecin, dont l’agenda est saturé, quand sa patientèle n’est tout simplement pas « verrouillée », interdite à tout nouveau patient.
On compte 318 médecins pour 100.000 habitants en 2021, contre 326 en 2012. Cette baisse, accentuée par l’accès au 3ème âge depuis 2010 de la génération du baby-boom, plus consommatrice de soins que les autres tranches d’âge, produit une baisse sensible de la « densité médicale standardisée » (offre médicale par rapport à la demande). 6 millions de Français n’ont ainsi pas de médecin traitant. Cette situation continuera de se dégrader jusqu’en 2028.
Les médecins sont par ailleurs inégalement répartis sur le territoire, plus présents en Île-de-France, PACA, Alsace ou Bretagne, dans des régions offrant pour eux de meilleures conditions d’environnement, de loisirs ou de services. On trouve ainsi 354 médecins pour 100.000 habitants en IDF contre 241 en région Centre. Cette dysharmonie est encore plus marquée pour les spécialistes que pour les généralistes. 40 départements se trouvent sous le seuil critique de 40 spécialistes pour 100.000 habitants.
Quelles sont les causes de ces sous-effectifs et mauvaise répartition ?
La France n’a pas suffisamment produit de médecins depuis les années 1980. Pourquoi ? Les chocs pétroliers de 1973 et 1979 ont fragilisé l’économie, créé du chômage, provoqué un « trou de la Sécu » (un chômeur ne cotise pas, ou moins), invité à réduire les dépenses de santé, donc le nombre de médecins, et conduit à l’instauration d’un « numerus clausus » en 2ème année de médecine, se réduisant d’année en année : depuis 8.280 étudiants en 1978 jusque 3.500 en 1993.
Le « papy-boom », accès des baby-boomers au 3ème âge depuis 2010, n’a par ailleurs pas seulement fait gonfler la demande de santé mais également conduit un nombre élevé de médecin à la retraite, de telle sorte que depuis 2020 plus de médecins partent en retraite qu’il n’en entre en formation. Ce pourquoi la « densité médicale standardisée » chute.
Ensuite, pourquoi les médecins sont-ils mal répartis sur le territoire ? Parce que leur lieu d’installation est libre, à la différence d’autres professions de santé comme les infirmiers, sages-femmes ou kinésithérapeutes, incités à s’installer en territoire déficitaire par une modulation du conventionnement de remboursement.
L’origine sociale favorisée – et donc urbaine (90 % des CSP+ habitent en zone urbaine ou rurbaine) – des étudiants en médecine les incite par ailleurs à s’installer plutôt en ville qu’à la campagne. Inversement, seuls les 2 % d’étudiants issus d’agriculteurs trouvent naturel de s’installer à la campagne.
Quel horizon ? L’insuffisance du nombre de médecins s’estompera à partir de 2030, parce que le numerus clausus a été relevé dans les années 1990, puis supprimé en 2020 et remplacé par un « numerus apertus », un quota minimum défini par chaque faculté selon les besoins du territoire, avec pour effet immédiat en 2021 une augmentation de 20 % des admissions en 2ème année. L’équilibre est attendu pour 2033, avec une augmentation des effectifs de 37 % pour 2050.
En attendant, comment pallier l’urgence ?
D’abord en déléguant certaines compétences médicales (injection d’un vaccin, délivrance d’un test…) à des infirmières, sages-femmes ou assistants médicaux, libérant d’autant l’emploi du temps du médecin.
Ensuite en restreignant la liberté géographique d’installation des médecins, mais laquelle mesure se heurte à la farouche opposition de l’Ordre des médecins, une opposition de blocage qui interroge la question de l’autorité politique.

 

Evolution du numerus clausus et disparité géographique des médecins

Evolution du numerus clausus et disparité géographique des médecins

Partager cet article
Repost0
16 décembre 2022 5 16 /12 /décembre /2022 15:16

Adam Smith (1723-1790) est connu pour sa « main invisible » censée réguler spontanément les prix dans une économie de marché sans monopole, ce qui l’amène parfois à se trouver revendiqué par les tenants d’une économie non régulée.
C’est oublier que l’économiste recommanda par ailleurs :
- à l’État et à la société de se méfier des capitalistes, obnubilés par leurs profits ;
- une protection par l’État des salariés, moins bien placés que les employeurs dans les négociations de salaire et de condition de travail ;
- de tempérer et juguler la part des revenus du capital par rapport à celle du travail ;
- d’éradiquer les bas salaires, nocifs pour l’économie et la société.
« Aucune société ne peut prospérer et être heureuse dans laquelle la plus grande partie des travailleurs est pauvre et misérable ».
Adam Smith se révèle donc moins libéral – et encore moins ultra-libéral – que social-démocrate partisan d’une économie de marché correctement régulée.

 

Adam Smith libéral ?
Partager cet article
Repost0
15 décembre 2022 4 15 /12 /décembre /2022 15:11

Une « économie de marché » est censée mettre la production de l’entreprise (offre) au service des besoins des gens (demande). Or, note JK Galbraith dans « L’ère de l’opulence » (1958), la publicité fausse ce mécanisme en une « filière inversée », par laquelle l’entreprise crée un désir chez le consommateur, dicte ce dont il aurait « besoin » et le lui fournit – au prix d’une surconsommation globale de ressources et d’énergie.
Dans cette économie pervertie, la production ne sert plus à réduire les besoins des gens, mais en crée sans cesse de nouveaux, futiles, comme fin en soi au bénéfice de la « croissance » et des profits, donnant naissance à la société de (sur)consommation que nous connaissons.
Idem pour l’alimentation : « Là où la population était censée faire pression sur l’offre alimentaire, c’est désormais l’offre alimentaire qui fait pression sur la population ».
Une déviance économique que devra considérer et traiter toute politique de lutte contre le gaspillage des ressources et de l’énergie, lequel aggrave le réchauffement climatique.
La publicité fait surconsommer le citoyen et surchauffer la planète.

 

John Kenneth Galbraith, The Affluent Society, 1958

John Kenneth Galbraith, The Affluent Society, 1958

Partager cet article
Repost0
13 avril 2022 3 13 /04 /avril /2022 15:04

Une extrême droite à 30 % n’est pas l’état normal d’une démocratie mais le signe d’une pathologie et d’une souffrance sociale, qu’on guérira, comme toute maladie, non pas en s’indignant ou en brassant de l’air mais en agissant sur les causes.
Dans l’Allemagne des années 1930, la courbe du NSDAP épouse celle du chômage.
Pourquoi ? Parce que le chômage met en souffrance, dévalorise, déclasse, déprime, désocialise, appauvrit, insécurise, aigrit, recroqueville et rend nationaliste et xénophobe.
On observe la même corrélation chômage / extrême droite en France depuis 1975.
Un chômeur ne vote évidemment pas forcément RN et un électeur RN n’est pas forcément chômeur (il peut être cadre retraité dans un village paisible) ; c’est un état général de paupérisation et d’insécurisation sociale qui pousse l’électorat vers un extrémisme régressif. Une société de plein emploi ne connaît pas d’extrême droite.
Au-delà des chiffres officiels se cantonnant à la catégorie A et sous-estimant le phénomène, nous parlons de 6,67 millions de chômeurs (toutes catégories, A, B, C, D et E) en 2021, soit 22,6 % d’une population active de 29,5 M, cela sans compter les temps partiels contraints, qui dégradent également les existences.
Le chômage, qui nuit évidemment d’abord au chômeur, fait également baisser l’ensemble des salaires au bénéfice des dividendes, asphyxie la consommation, la TVA et – donc – les recettes, dépenses et services publics.
Éradiquer l’extrême droite implique d’éradiquer le chômage.

 

Eradiquer l'extrême droite
Partager cet article
Repost0
10 décembre 2018 1 10 /12 /décembre /2018 11:14

Albert Hirschman (1915-2012), sociologue américain, avait théorisé l’idée « d’effet tunnel » en sociologie politique : lorsque la situation s’améliore pour un groupe social, ceci est tout d’abord perçu comme un signal positif par les autres groupes, qui espèrent bénéficier rapidement d’une même amélioration. Mais si cette amélioration ne vient pas, le sentiment de frustration, d’injustice et de colère est décuplé et a de grandes chances de déboucher sur un conflit. Hirschman illustrait ce phénomène par celui de files de voitures bloquées dans un tunnel : tant que toutes les files sont bloquées, personne ne fulmine, chacun ronge son frein. Si l’une des files se trouve débloquée, chacun espère que son tour va venir très rapidement. S’il ne vient pas, chaque automobiliste resté bloqué s’estime lésé, victime d’une injustice et se met en colère. Aussi mon regretté professeur d’anthropologie cognitive en Sorbonne Raymond Boudon nous enjoignait-il de ne jamais entreprendre de réforme sociale ou fiscale qui aurait bénéficié d’abord à une catégorie sociale (surtout aisée) avant que d’en faire bénéficier une autre (surtout défavorisée), sous peine d’explosion sociale. Un classique de la sociologie politique que notre président et nos députés, dans leur jeunesse et leur fougue, n’auront probablement pas eu le temps de lire…

 

Partager cet article
Repost0
9 décembre 2018 7 09 /12 /décembre /2018 12:16

La première mission d’un militant politique est d’écouter les gens, surtout ceux qui sont en colère. Surtout pas de les fuir ni d’en avoir peur.
Samedi 8 décembre 2018, 15h30, rond-point de la Motte, à l’intersection de la voie rapide sud III et de la bretelle du Pont-Flaubert à Rouen. Environ 80 Gilets Jaunes présents ralentissent les véhicules à chaque jonction. Sur un tertre, un auvent avec une table propose de la nourriture et des boissons. Un brasero réchauffe les militants ; un empilement de palettes est embrasé. Le niveau sonore est élevé en raison des cris des GJ et des klaxons des camions. Lorsque je demande à voir le responsable, on me conduit à une dame assise dans un fauteuil pliant, Maryse. Autour d’elle, Jean, et Guillaume, trentenaire. Et d’autres GJ, qui écoutent la discussion en s’y mêlant parfois.
- Je viens vous voir pour écouter vos revendications…
- On les a déjà écrites et fait remonter au sommet !
Mais les cervelles se creusent et les langues se délient : une France plus juste, plus d’égalité, faire respecter la devise « Liberté, égalité, fraternité »… Que les travailleurs puissent vivre décemment de leur salaire. Partager les richesses. Que les profits ne passent pas avant les autres valeurs. Contre une élite avide de pouvoir et d’argent. Un pouvoir qui méconnaît le peuple (je cite)…
On parle de carburant et de voitures. La voiture hybride fournie par l’entreprise de Maryse consomme plus que l’essence. L’électrique n’a pas suffisamment d’autonomie, et la fabrication de ses batteries est polluante. Les lobbies du pétrole freinent le développement d’énergies alternatives… Les GJ sont conscients de la nécessité d’une transition écologique pour lutter contre le réchauffement climatique, mais se sentent les plus frappés : « 50 € d’essence en plus par mois pour un gars qui en gagne 5.000, c’est rien, mais pour un smicard, c’est insupportable, c’est un caddy de supermarché pour manger pendant une semaine. »
D’une façon générale, il y a une « collusion des pouvoirs ». Le mouvement durera jusqu’à la victoire. « Macron, démission ! » crie-t-on autour de moi. « Macron, qu’il dégage, avec tout son gouvernement de m… ! ». Je reste très calme et courtois.
Les slogans radicaux se mélangent avec des arguments multiples. Les services publics se réduisent, sont de moins en moins accessibles. Il faut une augmentation des salaires, et stopper celle des taxes. Il n’est pas normal de devoir mettre de l’argent de côté pour pouvoir vivre correctement à la retraite.
Un GJ s’indigne de ce que l’Élysée vende des objets, comme des mugs à 25 €, pour « faire encore rentrer de l’argent dans les caisses de l’État ». Ce qui déclenche une avalanche de critiques sur le renouvellement de vaisselle ou de moquette de l’Élysée « à prix d’or » : on n’en avait pas besoin, on aurait pu attendre. Je réalise soudain, par ces phrases étonnantes, qu’effectivement l’Élysée est « propriété du peuple » (et d’une façon générale tout ce qui est détenu par l’État), donc soumis à l’approbation du contribuable.
Certaines petites phrases du président ont été perçues de façon blessante, comme la recommandation de travailler pour pouvoir s’acheter un costume ou de traverser la rue pour trouver un emploi.
Les écarts de salaire entre un smicard et un Carlos Ghosn (facteur mille) sont jugés effarants, « sans aucun sens ».
Les différences (raisonnables) de salaire sont jugées « légitimes », mais chacun est pressurisé à son niveau par les impôts et taxes.
Les élus – ministres, députés – sont jugés déconnectés de la vie réelle et (par exemple) du coût des produits alimentaires, exemples confirmés par des anecdotes et sorties malheureuses à la télévision récemment.
Quelques piques sont adressées à notre député, que je ne relève pas.
La suppression de l’ISF n’a pas été comprise : quels bénéfices concrets, chiffrés, a produit cette suppression ? Même remarque est faite au sujet du CICE : que devient cet argent ? Là aussi, ce questionnement du contribuable semble difficilement pouvoir être balayé d’un revers de manche. Le GJ estime avoir financé le CICE avec ses impôts (ce qui n’est pas faux), donc il réclame des comptes sur la destination et les effets de la dépense.
On en revient au Smic, avec lequel il est « impossible aujourd’hui de vivre décemment », surtout après avoir payé un loyer de 600 €. Ou bien alors on s’exile à la campagne, moins chère, mais avec des frais de voiture et de carburant, en étant frappé en premier par la hausse.
Le fait qu’on puisse « être au chômage en gagnant plus d’argent qu’en travaillant » (je cite) est mal vécu. Il n’est pas normal, de plus, que des gens soient incités à ne pas travailler, car le travail est ce qui structure la vie du citoyen et donne un sens à sa vie (je cite).
Guillaume, avec son bac+2 a travaillé plusieurs années en étant rémunéré au smic, ce qu’il ne trouve pas normal.
« L’ancienne génération, ils choisissaient leur travail ; aujourd’hui, c’est le travail qui nous choisit », dit-il.
Les élites (économiques et politiques) ignorent comme il est dur de (sur)vivre aujourd’hui avec un smic.
Nous ne sommes pas contre l’impôt, mais pas trop ; il faut qu’il reste raisonnable, et nous permette de vivre avec dignité, en pouvant nous offrir un peu de loisirs.
Maryse m’explique que le Général de Gaulle pensait qu’une entreprise devait consacrer le tiers de ses bénéfices aux salaires, un autre tiers à l’investissement et un dernier tiers aux actionnaires, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui : les profits bénéficient plus aux actionnaires, ce qui prive les salariés d’argent à re-dépenser dans l’économie, d’où une asphyxie de l’économie et une impossibilité à sortir de l’endettement public.
Une caravane de cars de CRS, sirènes hurlantes, franchit le rond-point à toute allure. « Macron, démission ! » scandent les GJ, qui se replient un instant, craignant d’être délogés et gazés comme la semaine précédente. Mais la caravane s’engage finalement vers le Pont Flaubert et Barentin, où ça doit probablement « chauffer ».
- Le gouvernement a tout de même cédé sur 6 revendications, me permets-je de faire remarquer.
- La suspension des taxes n’est pas une solution, car leur application est simplement retardée à plus tard, m’explique Guillaume.
- Il faut aller chercher l’argent là où il est ! intime un voisin.
- Et vous, qui êtes-vous ? me demande-t-on ?
Lorsque j’explique que je suis un militant LaREM, il y a un blanc, le temps que les logiciels se recalent. Mais la discussion demeure courtoise, et les propos s’infléchissent un peu, dans l’idée que je peux faire remonter des choses aux militants et responsables de notre mouvement.
Les GJ regrettent qu’il soit nécessaire de descendre dans la rue pour que les gens en difficulté sociale soient entendus. Ils regrettent également d’entraver la circulation et de nuire aux ventes des magasins en cette période de pré-Noël.
Lorsque je suggère la possibilité de « plus de pédagogie », je me fais couper net : ce vocable est insultant pour eux, ils ne veulent plus l’entendre, car il insinue qu’ils sont des demeurés et ne sont pas en mesure de comprendre les tenants et les aboutissants de l’économie et de la politique. Je n’insiste pas. Peut-être ont-ils raison, d’ailleurs.
Maryse fait remarquer que, dans son malheur, le gouvernement a la grande chance de ne pas voir les syndicats réussir à s’allier entre eux, car alors, dit-elle, ce serait la révolte générale. « On est au bout d’un système économique et social ; même des experts américains le disent. Les gens travaillent, mais l’argent va ailleurs. C’est pour ça que les salaires sont aussi bas et que l’État est endetté. »
« Il est dommage que l’écoute des GJ par le gouvernement succède à la casse, comme s’il fallait attendre que les gens cassent pour qu’ils soient écoutés. »
Je sens que les GJ reprochent à EM d’aller trop vite et avec des œillères, comme un bulldozer, en balayant d’un revers de manche les objections, sans tenir compte des difficultés et souffrances du peuple.
Son profil, sa façon de s’habiller et de parler, surtout de façon tranchante et hautaine, passent mal ; eux qui sont ouvriers ou employés en souffrance sociale n’arrivent pas à s’identifier à lui.
Maryse conclut : EM nous a donné beaucoup d’espoir, un espoir de renouveau, une volonté de « casser les codes ». La déception est à la hauteur de l’espoir suscité, ce pourquoi « ça pète » aujourd’hui.
Guillaume revient sur l’ISF. Il a l’impression qu’EM favorise les riches. Il me rappelle que le « S » d’ISF signifie « solidarité », en l’occurrence solidarité avec les pauvres. Donc par quoi, par quelle solidarité envers les pauvres, l’ISF a-t-il été remplacé ? L’ISF n’aurait pas dû être supprimé avant que les pauvres soient aidés d’une façon ou d’une autre. Il y a de fait une certaine logique dans son discours. Surtout, dans son esprit, l’ISF a force de symbole, de symbole fort, plus que pour ceux qui ont décidé ou accepté sa suppression pour des raisons plutôt technocratiques.
Guillaume conclut en disant que les aides et les taxes doivent être équilibrées. Il reconnaît avoir bénéficié d’une baisse de 120 € de sa taxe d’habitation, mais a calculé que les surcroîts de taxe et de prélèvement (CSG) lui ont coûté plus de 120 €. Il s’estime donc lésé, et grugé par rapport aux plus riches, dont certains salaires sont effarants et indécents.
Macron paye pour ses prédécesseurs, remarque Maryse, honnête. « Pas de chance pour lui, mais c’est ainsi ».
Tous les propos rapportés ci-dessus ont été exprimés textuellement par des GJ ; je n’ai rien transformé.
En conclusion, tout au long de l’échange, d’un GJ à l’autre, certains points reviennent de façon récurrente, comme des leitmotivs :
- La suppression de l’ISF, précoce, a été perçue comme une préférence donnée d’emblée aux riches, avant que des mesures ne soient prises en faveur des plus démunis (alors que cet impôt consiste précisément en une « solidarité » à l’égard des plus pauvres) ;
- Des taxes supplémentaires dont on ne voit pas à quoi elles sont utilisées et où va l’argent concrètement – et sur lesquelles les contribuables ont pourtant droit de regard ;
- Des taxes supplémentaires alors que les services publics sont en régression. C’est illogique et contradictoire pour les GJ.
Dans l’entourage et parmi ceux qui prennent la parole, je n’entends pas d’allusions au RN ou à la FI, ni à MLP ou JLM. L’atmosphère est apolitique, avec probablement beaucoup de personnes abstentionnistes, qui se sont senties flouées par les partis de gouvernement successifs, et plus encore par le dernier en date, parce qu’il avait soulevé en eux beaucoup d’espoir.
Une deuxième caravane de cars de CRS passe, sirènes hurlantes, en direction du centre ville cette fois-ci.
Un GJ vient à moi en me tendant la main : je reconnais l’un des premiers marcheurs, avec lequel j’avais partagé le porte-à-porte de la « Grande Marche » en juin 2016. Nous sommes heureux de nous retrouver et d’échanger. Je lui donne des nouvelles de LaREM.
Il se met à pleuvoir plus sérieusement. Le brasero manque de mettre le feu à mon manteau. Les militants se serrent sous l’auvent. Le moment pour moi de laisser les GJ à leur combat et de m’éclipser, enrichi de cette écoute…

D’abord l’écoute, avant l’analyse ou la préconisation. Un homme politique qui n’écoute pas ne peut tout simplement pas agir correctement.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Christophe Chomant - Social-Démocratie
  • : Actualités politiques du militant social-démocrate Christophe Chomant
  • Contact

Recherche